La Métropole Européenne de Lille (MEL) et Alstom ont de nouveau été entendus lors d'une audience au tribunal administratif de Lille le 2 janvier 2024. Au cœur du débat, l'épineuse question de la modernisation du métro lillois attendue... depuis 2016. Décision attendue dans dix jours.
Dans le feuilleton du doublement des rames du métro lillois, une nouvelle audience s'est tenue au tribunal administratif de Lille mardi 2 janvier 2024. L'occasion pour la Métropole européenne de Lille (MEL) de plaider la responsabilité d'Alstom dans les retards de livraison des tant attendues rames de métro de 52 mètres, l'accusant par la même occasion de mettre en danger la continuité du service de transport lillois.
Depuis le début du projet, les annonces sont faites de façon floues et parcellaires.
Me Fréderic MarchandAvocat de la Métropole Européenne de Lille
Retard de livraison : qui est responsable ?
"Depuis le début du projet, les annonces sont faites de façon floues et parcellaires", a estimé Me Marchand, avocat de la MEL. Il ajoute qu'Alstom doit prendre les mesures nécessaires pour éviter "la chute" du métro lillois : "il est aujourd'hui urgent d'avoir un planning directeur réaliste".
De son côté, Alstom, représenté par Me Louis De Gaulle, tempère en rappelant que l'objet du marché concerne uniquement la ligne 1, et que la situation n'est pas urgente dans la mesure où toutes les rames de cette ligne tournent correctement.
Les retards antérieurs à 2020 ont déjà été payés
Me Louis De GaulleDéfense d'Alstom
Une expertise menée en 2016 et 2018 souligne "le partage de la responsabilité dans les retards" rappelle Me De Gaulle, qui insiste sur le rôle de la pandémie de COVID dans les nombreux mois de retard de la livraison.
Néanmoins, le constructeur admet une part de responsabilité avec plus de 4 millions d'euros de "pénalités sur les retards, que nous reconnaissons. Les retards antérieurs à 2020 ont déjà été payés."
Une partie des rames obsolètes en 2025
En 2012, la MEL a signé un marché de 266 millions d'euros avec le constructeur Alstom pour la livraison de 27 rames de métro de 52 mètres, le double des rames actuelles, ainsi qu'un nouveau système de pilotage automatique. La livraison était prévue pour 2016. Depuis, l'échéance ne cesse d'être repoussée.
Le problème : à partir de 2025, une partie de cette flotte sera obsolète. Sans livraison d'Alstom avant cette date, le service de transport s'en trouvera dégradé.
Cette audience fait suite à la saisie du tribunal administratif par la MEL le 27 novembre dernier "pour obtenir d'Alstom qu'elle remplisse intégralement ses obligations aux termes du marché de modernisation du métro de Lille, qu'elle prenne toute mesure pour ne pas dégrader la qualité et la continuité du service de métro et qu'enfin, elle l'indemnise pour l'ensemble des préjudices subis, y compris environnementaux", a déclaré la Métropole dans un communiqué.
Après plusieurs heures d'audience, Me Marchand conclut en disant que "Alstom cherche une forme de confort d'impunité" et que le planning prévu pour la mise en service des rames "part sur des thèses irréalistes". Alors qu'Alstom estime aller "aussi vite qu'elle peut".
La décision du tribunal administratif dans cette affaire est attendue d'ici 10 jours.