Clément Beaune a apporté son soutien à la Métropole européenne de Lille concernant la non-modernisation de l'une des lignes du métro de Lille par Alstom. Face à "l'absence de réponses concrètes" et au retard "prévisionnel d'au moins 10 ans", la MEL a décidé de saisir en justice le groupe Alstom à la fin du mois de novembre.
Dans un écrit daté du 8 décembre 2023, le ministre des Transports Clément Beaune apporte son soutien à la Métropole européenne de Lille, dans le dossier Alstom concernant la modernisation de la ligne n°1 du métro de la ville. "Je tiens à vous renouveler mon total soutien alors que le retard accumulé par Alstom atteint maintenant près de 10 ans", mentionne la lettre du ministre à l'adresse du président de la MEL, Damien Castelain. Il ajoute : "Cette situation regrettable n'est pas à la hauteur des attentes que vous pouvez légitimement former d'un champion industriel qui fait la fierté de notre pays dans le monde."
"Une situation critique sans précédent dans l’histoire des transports urbains en France"
Pour rappel, le 27 novembre dernier, la MEL annonçait mettre fin à la médiation engagée avec Alstom et attaquer l'entreprise en justice. Plusieurs raisons sont avancées, selon la MEL, en premier lieu un retard est à prévoir d'au moins 10 ans pour que les rames puissent être validées avec le nouveau pilote automatique.
Le choix d'attaquer l'entreprise en justice a été fait par la Métropole européenne de Lille dans le but d' "obtenir de la société et de ses dirigeants qu’ils assument enfin leurs responsabilités envers la Métropole Européenne de Lille et les usagers du métro face à une situation critique sans précédent dans l’histoire des transports urbains en France."
Le ministre des Transports pointe également dans sa lettre "une obsolescence prévue pour 2025" pour la ligne du métro concernée et des "conséquences catastrophiques pour les transports collectifs de la métropole lilloise", si Alstom n'apporte pas de réponse satisfaisante.
Un conflit qui dure depuis plusieurs années
Ce conflit entre Alstom et la MEL dure depuis 2012. Cette année-là, dans un objectif d'anticipation de l'augmentation du trafic dans la région de Lille, la MEL conclut alors un marché important de 266 millions d'euros. Le but étant d'implanter un nouveau pilote automatique et d'acquérir 27 rames pour une mise en service en 2016.
Du côté d'Alstom, le retard s'accumule et les rames ne sont pas livrées à cette date. Plusieurs tentatives de médiation sont engagées par la MEL en 2019 puis en 2022 pour libérer des créneaux pour des essais au cours de l'été, sans succès. La MEL impute ces échecs aux essais du pilote automatique, en raison de nombreuses anomalies persistantes.
Dans un communiqué, la MEL affirme qu'Alstom reconnaît être "entièrement responsable de la dérive sans précédent du projet", mais "refuse d'indemniser les préjudices subis" par la MEL.