Les héritiers du dessinateur français Paul Durand, connu notamment pour ses illustrations des couvertures de la Bibliothèque verte, ont été déboutés vendredi par le tribunal d'instance de Clermont de leur action en restitution de 130 dessins et aquarelles achetés par un antiquaire auvergnat.
Dans son jugement rendu public, le tribunal d'instance de Clermont-Ferrand
a estimé que "le fait que les oeuvres originales litigieuses aient été remises à
(l'éditeur) Delagrave dans le cadre d'éventuels contrats d'édition ne saurait suffire,
à lui seul, à établir que l'auteur en ait conservé la propriété matérielle". Il
juge en outre que "ces oeuvres ne sauraient constituer des souvenirs de famille".
Décédé en 1977, Paul Durand a marqué des générations entières de lecteurs par
ses multiples illustrations de romans, publiés notamment aux éditions Hachette
et J'ai Lu dans les années 50 à 70.
Un acheteur auvergnat
En mars 2012, un antiquaire clermontois avait acheté pour 934 euros un lot de
130 tableaux et aquarelles signées du dessinateur lors d'une vente aux enchères
dans cette ville. Souhaitant vendre le lot pour un prix d'ensemble de 15.000 euros,
il contacte les héritiers du dessinateur. Lesquels décident alors de saisir la
justice, qui procède à une saisie conservatoire des oeuvres.
Pour l'avocat de la veuve et des enfants du dessinateur, Me Frédéric Masselin,
ses clients en sont les seuls propriétaires. "Ils ont un droit moral qui leur permet
de demander que ces oeuvres, qu'ils veulent protéger, ne soient pas dispersées",
avait-t-il plaidé à l'audience le 9 septembre.
"Mon client avait la possibilité de les vendre une par une. Il aurait d'ailleurs
fait une plus grosse plus-value. C'est tout à son honneur de prendre attache avec
les ayants droit pour ne pas les disperser", avait fait valoir pour sa part l'avocat
de l'antiquaire, Me Jean-Hubert Portejoie.
"Aujourd'hui, il est extrêmement satisfait ! On l'avait traîné dans la boue en
insinuant qu'il avait acheté dans des conditions suspectes, mais le tribunal a
reconnu sa bonne foi", a déclaré Me Portejoie vendredi à l'AFP.
Les héritiers de Paul Durand ont un mois pour faire appel.