L' UMP, qui devait trancher aujourd'hui entre Michel Barnier et Laurent Wauquiez pour mener la bataille des régionales en Rhône-Alpes, a décidé de s'accorder un nouveau délai. La réunion de la commission nationale d'investiture est reportée. Un problème de ligne politique se pose donc bien au parti.
Convoquée dans la précipitation en amont du conseil national de l'UMP ce week-end, la réunion de la commission nationale des investitures du parti qui devait trancher, jeudi, le cas épineux entre Michel Barnier et Laurent Wauquiez pour les élections régionales de Rhône-Alpes/Auvergne, a finalement été reportée.
Opposition de style et de génération, le duel entre l'ex-commissaire européen Michel Barnier et le secrétaire général de l'UMP Laurent Wauquiez pour mener la bataille des régionales en Rhône-Alpes-Auvergne recoupe aussi les déchirements actuels de la droite. Loué par ses partisans pour son "dynamisme", sa proximité avec "le terrain" et sa capacité à rassembler la quasi-totalité des parlementaires UMP de la future super-région, le député-maire du Puy-en-Velay fait face à l'hostilité de l'UDI qui menace de conduire sa propre liste si l'UMP en fait son candidat.
"Il y a un problème de ligne politique : si c'est Michel Barnier qui est désigné par l'UMP, nous avons des lignes politiques similaires et donc nous pouvons parfaitement faire une liste commune. Si c'est Laurent Wauquiez, qui a marqué une droitisation extrême au cours de ces derniers mois et de ces dernières années, nous ne pourrons pas être sur la même liste", a déclaré Jean-Christophe Lagarde mercredi sur France Info.
Face à cette charge, l'entourage de M. Wauquiez rappelle prudemment qu'il s'est "toujours positionné comme un rassembleur qui va au-delà de sa famille politique", tandis que des soutiens plaident en faveur de son "style". "Il est honnête. Il dit ce qu'il pense et est plus proche des préoccupations des gens", salue le maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, figure de ces jeunes élus portés par la vague bleue des dernières municipales, auprès desquels M. Wauquiez fait un carton.
"Les positions tièdes rebutent les électeurs. Michel Barnier a de l'expérience mais Laurent Wauquiez a de l'avenir. Il a de la niaque et du jus", complète le patron de l'UMP dans le Rhône, Philippe Cochet. "Il a vocation à réunir tout le monde. Si le rassemblement a lieu au er tour tant mieux, si c'est au second, ça ne sera pas une catastrophe. Chacun doit pouvoir se compter", ajoute-t-il.
Passage en force
Une position aux antipodes de M. Barnier, plusieurs fois ministre et commissaire européen pour qui la recette gagnante, à 10 mois des régionales, est "une alliance respectueuse entre une droite républicaine et un centre fort dès le premier tour".
"Proposer une liste monocolore est une folie", appuie le député et président du conseil général de Savoie, Hervé Gaymard, qui craint un score élevé du Front National et juge que "la stratégie à Droite toute n'a pas marché au niveau national".
"Les élections régionales sont le premier acte des présidentielles et on ne gagnera qu'en étant ensemble", renchérit Michel Barnier, soutenu par une centaine d'élus locaux dont Bernard Accoyer. Et prévient : "s'il n'y a pas d'union, alors ça sera sans moi".
Selon un sondage Ifop publié le 15 janvier par Le Progrès, les sympathisants UMP-UDI des deux régions donnent l'avantage à Laurent Wauquiez (52%) sur Michel Barnier (48%) pour conduire une liste d'union, qui arriverait en tête au premier tour devant celle du FN. En termes de popularité, le Savoyard l'emporte cependant avec 56% de très bonne ou assez bonne opinion, contre 49% à son rival de Haute-Loire.
Un partout donc entre le "jeune loup" ambitieux de 39 ans, à l'éternelle parka rouge, et le "vieux sage" de 64 ans toujours tiré à quatre épingles. D'autant que l'étude Ifop fait l'impasse sur un scénario de désunion.
Le calendrier divise aussi les deux hommes.Ce qui compte, c'est la volonté du terrain. Laurent Wauquiez a la préférence des parlementaires et des sondages", argue l'entourage de l'ex-ministre qui veut une décision rapide. "Le bon sens voudrait que mon parti prenne davantage de temps pour ne pas commettre d'erreur", rétorque Michel Barnier qui indiquait ne pas comprendre les raisons de "ce passage en force".