C'est la séance la plus tardive du catalogue cette année : la série "polar" a eu lieu peu après minuit mercredi soir. Plus d'un millier d'insomniaques sont venus voter pour ce prix décerné par le public ...
Minuit … l'heure du crime. L'heure de la séance polar aussi. Affichée à minuit quinze, c'est de loin la plus tardive du festival. Certains se demandaient donc s'il était bien raisonnable de tenter de remplir la salle Cocteau (1.400 sièges) à une heure pareille en pleine semaine.
Pourtant, pas de quoi se faire un sang d'encre : la promesse de quelques frissons a déplacé 1.200 spectateurs prêts à s'enfoncer au cœur de la nuit dans les moelleux fauteuils de la maison de la Culture.
Parmi eux, quelques célébrités locales, mais surtout une belle délégation de cheminots. Il faut dire que la séance est organisée par la SNCF qui parraine ce prix depuis 15 ans. Explication de Benoît Lanciot, qui représente l'opérateur ferroviaire : « le polar, pour nous, c'est une évidence. C'est le genre le plus lu dans les trains. Et puis pensez à Agatha Christie ! »
Déjà, la lumière s'éteint et voici le premier court, américain. Dans Carjack, un vol à la portière qui semble banal finit par prendre un tour inattendu. Un film sur les apparences trompeuses, la relativité du duo gentil/méchant et l'héroïsme ordinaire. Rien de bien neuf sur l'écran, mais c'est efficace.
Sitôt la salve d'applaudissement passée, changement radical de ton avec Safe, un court sud-coréen. Dans une salle de jeu, une étudiante détourne une partie de l'argent qu'elle est sensée récolter. Protégée derrière son guichet, elle subit quotidiennement la violence des réactions des parieurs, jusqu’au jour où la situation dégénère. Glauque, direct et pessimiste.
Tout le contraire du film suivant. Tout droit venu d'Israël, A Court raconte l'histoire d'un braquage passablement raté. Plus que le polar, on est dans la tragi-comédie. On vole d'une péripétie improbable à l'autre en compagnie de personnages attachants. On rit de bon cœur, on s'émeut aussi.
Le quatrième film du programme est français (c'est le seul du lot). Vos violences met en scène le dillemme d'un avocat dont la fille a été victime d'une agression. Tiraillé entre l'envie de connaître la vérité et ses valeurs, il doit faire un choix difficile. Fort et touchant, on réfléchit encore au choix que l'on aurait fait quand se termine le générique.
C'est pour mieux revenir à l'humour avec Locked Up, une sympathique mini comédie à l'anglaise. Enfermés dans la voiture dans laquelle ils devaient fuir, trois braqueurs (encore !) cherchent désespérément les clés pour démarrer. Drôle, mais déjà vu.
Enfin, Death by Omelette vient clore la soirée de belle manière. Alors qu'elle soupçonne son mari d'infidélité, sa femme commence à lui préparer une omelette … disons spéciale. Ce court original et dénué de dialogues se déguste avec grand plaisir, on se demanderait presque si les programmateurs n'ont pas gardé le meilleur pour la fin. En tout cas, on parierait bien une pièce dessus pour la victoire finale ...
Pour en décider, une fiche a été distribuée à chaque spectateur, sur laquelle chacun est invité à noter les films projetés. Elle sera récupérée à la fin pour s'ajouter à celles récoltées dans les autres festivals et les « trains du polar » tout au long de l'année.
Ce sont ces votes qui désigneront le vainqueur, « a priori plus de 30.000 personnes d'ici le printemps » selon Benoît Lanciot, « ce qui fait du prix du polar SNCF le plus grand prix du public décerné en France ». Résultat en mai.