Le syndicat des Jeunes Agriculteurs en a assez. Il dénonce la lenteur de la mise en place de la réforme de la Politique Agricole Commune qui empêche de nombreux jeunes de s'installer faute des soutiens indispensables. Il a mené une action pour le faire savoir à Clermont-Ferrand ce 20 mars.
Des tracteurs qui tournent en rond, l’opération nationale veut symboliser les administrations qui, selon le syndicat agricole, tournent en rond. Mais c'est par un rassemblement devant la Préfecture de région à Clermont-Ferrand que les JA auvergnats ont fait passer le message. « En octobre 2011 la Commission Européenne proposait sa première version de la réforme de la Politique Agricole Commune et trois ans et-demi plus tard, celle-ci n’est toujours pas mise en oeuvre. Comment une politique courant sur sept ans, peut-elle mettre plus de quatre ans à se mettre en place » résume Benoît Julhes, Président de Jeunes Agriculteurs Auvergne.
Ce retard pose de gros problèmes à l’installation des jeunes, car le soutien à l’installation agricole passe notamment par la PAC. Dans son Second Pilier, dit de développement rural, la PAC permet en effet de financer les soutiens à l’installation des jeunes agriculteurs, un second Pilier sous autorité de gestion des Conseils Régionaux, et enfin certaines mesures sont soumises à un Cadre National. Ce sont donc trois autorités administratives qui doivent se mettre d’accord sur chaque point de la réforme. Or aujourd'hui, chacune se rejette la responsabilité du retard.
« Malgré les avertissements multiples, malgré l’expérience déjà douloureuse de « l’année de transition » 2014, au 20 mars 2015, on n’est toujours pas en capacité d’installer. C’est inconcevable, alors que des jeunes porteurs de projets sont prêts à créer leur activité », poursuit Benoît Julhes.
La mobilisation nationale qui commence entend dénoncer cette situation. Aujourd’hui, les candidats à l’installation ignorent le montant et la date à laquelle ils pourront s’installer et percevoir leurs aides. Aucun dossier d’aides à l’installation ne peut être validé, faute d’engagement juridique. « L’enveloppe installation (DJA et prêts bonifiés) de la PAC, octroyées spécialement aux jeunes est plus que vitale et nécessaire pour espérer l’installation sur une exploitation » rappelle Jérémy Decerle, vice Président National de Jeunes Agriculteurs en charge de l’Installation.
En Auvergne, environ 300 jeunes bénéficient chaque année de ces aides à l’installation et près d’un quart d’entre eux s’installent hors du cadre familial. 75% de ces exploitations sont situées en zone de montagne. L’installation en élevage bovin (laitier, allaitant ou mixte) prédomine mais la diversité des systèmes d’exploitation et des modes de production est représentée.
Les Jeunes Agriculteurs ont demandé à rencontrer Michel Fuzeau, Préfet de région et Brice Hortefeux, député européen , pour leur faire part de la situation. Face aux retards multiples, et pour permettre, en attendant les documents officiellement validés, d’installer quand même des jeunes agriculteurs, les administrations régionales ont proposé un système de validation des dossiers provisoire. Mais lui non plus n’est pas mis en œuvre.
Pour obtenir les aides PAC, les agriculteurs doivent faire une déclaration PAC. Celle-ci se termine usuellement au 15 mai, et la date de déclaration a été reportée exceptionnellement au 9 juin. Les Jeunes Agriculteurs demandent donc le report de la date d’engagement au 9 juin 2015.