C'est presque terminé pour l'entreprise de transport MoryGlobal qui posséde encore deux dépôts dans la région à Saint-Priest (69) et Valence (26) où elle emploie près de 300 personnes. Un scénario malheureusement sans surprise pour les salariés.
Le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis) "a prononcé la liquidation de MoryGlobal", qui emploie 2.150 salariés en France, "avec poursuite d'activité jusqu'au 30 avril."
L'administrateur judiciaire a été chargé de "mener à bien les consultations avec les organisations syndicales" et de "procéder aux licenciements des salariés" de l'entreprise, fondée en 2014 sur les cendres de Mory Ducros, ancien numéro deux français de la messagerie, a précisé le tribunal.
Depuis le retrait de la principale offre de reprise, qui concernait seulement 141 personnes, la liquidation ne faisait "aucun doute", explique Denis Jean-Baptiste (CFTC), secrétaire du comité d'entreprise. "Maintenant, c'est sur les conditions de départ des salariés qu'il va falloir se battre".
Selon le responsable syndical, "ça ne va pas être simple de retrouver du travail. Le secteur de la messagerie est sinistré, celui du transport aussi. On a peu d'espoir de reclassement chez les confrères".
"C'est un immense gâchis", soupire de son côté Jean-Claude Hacquard, délégué CGT, venu manifester avec une centaine de salariés devant le tribunal. "Pendant un an, on nous a fait croire que l'activité allait repartir. On a le sentiment d'avoir été bernés par l'actionnaire", Arcole Industries, ajoute-t-il.
Revoir ci-dessous le reportage de Daniel Pajonk et Frédéric Llop tourné lundi 30 mars en région lyonnaise
Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), reconversion des sites et mauvaise gestion
Née sur les décombres de Mory Ducros, placée en liquidation judiciaire début 2014, MoryGlobal n'avait repris que 2.150 salariés sur les 5.000que comprenait le groupe.
Aujourd'hui, les salariés de MoryGlobal réclament un PSE au moins équivalent à celui de Mory Ducros. L'actionnaire avait accordé aux licenciés une enveloppe de 30 millions d'euros en plus du minimum légal.
Le nouveau PSE très en deçà du précédent
Pour l'heure, Arcole Industries est aux abonnés absents, d'après les syndicats. Selon eux, seuls 3 millions d'euros seraient prévus pour les mesures d'accompagnement (congés de reclassement, budget formation, etc.) et rien pour les indemnités supplémentaires de licenciement.
Le 26 mars, l'Etat a sommé Arcole "d'assumer ses responsabilités d'actionnaire et de contribuer au financement du PSE", accusant le groupe de ne pas avoir "redressé l'entreprise, en dépit du soutien sans précédent apporté par les pouvoirs publics".
Invité mardi à BFMTV/RMC, le Premier ministre Manuel Valls a assuré vouloir "trouver une solution pour chacun" des salariés. Le gouvernement "travaille sur un plan de reconversion des sites et surtout pour trouver des possibilités d'embauche dans le secteur", a-il ajouté.
Un acte de gestion anormal
En février 2014, l'Etat avait accordé à la société un prêt de 17,5 millions d'euros, au titre du Fonds de développement économique et social (FDES), une aide publique qui fait l'objet d'une enquête de la Commission européenne.
Dans un jugement d'une rare sévérité, le tribunal de commerce de Pontoise a constaté un an plus tard que "l'actionnaire principal a semblé se désintéresser du projet de restructuration de la société MoryGlobal et de sa pérennité", ne donnant aucun "signe suffisant d'implication".
Pire, il "s'est lui-même mis en difficulté" en prélevant 7,5 millions d'euros de la trésorerie de MoryGlobal pour financer le PSE de Mory Ducros, s'étonnent les juges, évoquant un "acte de gestion anormal" et un plan de cession "défectueux dès l'origine".
Rendez-vous au ministère
Les syndicats seront à nouveau reçus jeudi à 17H00 au ministère des Transports, une semaine après une première rencontre. Ils exigent que la vente des actifs du groupe (agences, marchandises stockées, véhicules, etc.) serve en priorité au financement de leur plan social.