"Les apprentis c'est les ouvriers de demain et les chefs d'entreprise d'après-demain" : les patrons inquiets de la baisse des aides à l'apprentissage

Depuis le 1er janvier, les aides allouées aux entreprises pour les inciter à embaucher un apprenti ont été revues à la baisse. Les gérants de petites structures, notamment dans l'artisanat, craignent de devoir renoncer à former des jeunes qui sont pourtant "la relève" de leurs professions.

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Lou-David Castelain a 18 ans et est apprenti cuisinier dans le restaurant "Aux vieux Garçons" à Chartres en Eure-et-Loir. "À l'école j'apprends plus les bases. Alors que là j'ai pu faire tous les postes, j'ai pu voir de tout", se félicite le jeune homme, en alternance depuis 4 ans.

Dans sa brigade, tous sont passés par l'apprentissage, un cursus subventionné par l'Etat. Mais le 31 décembre dernier, le gouvernement a annoncé remplacer l'aide exceptionnelle de 6000 euros jusqu'alors allouée à toutes les entreprises recrutant un apprenti, par une grille d'aides. Depuis le 1er janvier, les entreprises de moins de 250 salariés percevront désormais une aide de 5000 euros par apprentis pour la première année, tandis que les grandes ne percevront plus que 2000 euros par contrat.

Malgré cette baisse, le patron de la brasserie n'envisage pas de se passer de cette main-d’œuvre. Il affirme qu'il continuera à employer trois apprentis, deux en cuisine et un au service, mais craint que toutes les entreprises ne fassent pas de même. "Un apprenti nous coûte de l'argent parce qu'on passe du temps à lui apprendre. Alors qu'un salarié, même à mi-temps nous rapportera plus d'argent. Le salaire nous coûtera plus cher mais en termes de retour, c'est plus rapide", explique Pascal Gauthier.

La boulangerie : premier employeur d'apprentis en Centre-Val de Loire

L'apprentissage a pourtant le vent en poupe. En France, le nombre d'apprentis a presque doublé ces dernières années et même atteint le million l'an passé. Le Centre-Val de Loire suit la même tendance. En 2022, elle était la 5eme région à recourir le plus à l'apprentissage et le nombre d'apprentis y avait progressé de deux-tiers depuis 2018 selon l'INSEE.

Mais si le nombre d'apprentis augmente, le coût pour les finances publiques aussi. Il a plus que doublé entre 2018 et 2021, dépassant les 20 milliards d'euros, selon France Compétences. Alors après longtemps avoir encouragé et mis en avant la filière, l'Etat a décidé de réduire la voilure. Ce nouveau barème devrait permettre d'économiser 1,2 milliard d'euros.

C'est dans la boulangerie que les apprentis sont le plus nombreux en Centre-Val de Loire. Alors pour la profession, la baisse des aides est un coup dur. "Les apprentis ce sont les ouvriers de demain et les chefs d'entreprise d'après-demain. C'est aussi la relève de la profession, la transmission de nos savoirs se fait par les jeunes donc l'apprentissage est un mode de formation primordial pour le monde de l'artisanat", explique Thierry Villard, le président de la chambre patronale des boulangers du Loiret. Lui aussi craint de voir le nombre de recrutements baisser. "On avait vu que l'augmentation du nombre d'embauches d'apprentis était liée à l'augmentation des aides. Si les aides sont rognées, on va avoir l'effet inverse c'est évident".

"S'il y a moins d'apprentis, il risque d'y avoir aussi moins de repreneurs dans quelques années"

Dans un secteur déjà en première ligne face à l'augmentation du coût de l'énergie il y a deux ans et qui doit encore aujourd'hui composer avec l'augmentation du prix des matières premières et la baisse du pouvoir d'achat, c'est pour l'avenir de la profession que s'inquiète aussi Thierry Villard. "La boulangerie-pâtisserie est un secteur en tension, donc s'il y a moins d'apprentis, il risque d'y avoir aussi moins de repreneurs dans quelques années et on va voir disparaître des commerces."

L'U2P, organisation patronale représentant les entreprises de proximité, a demandé fin décembre au gouvernement de renoncer à son projet de réduire en 2025 les aides pour l'embauche d'un apprenti. De son côté, la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises), a fait part de sa satisfaction, rappelant qu'elle demandait "que les PME soient préservées et ce, quel que soit le niveau du diplôme".

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