Crise de l'immobilier : quelles conséquences pour les apprentis du bâtiment ?

Les professionnels du bâtiment annoncent que l'année 2024 sera l'année la plus difficile pour le secteur depuis l'après-guerre. Avec une baisse de 38 % des autorisations de construction en 2023, la région Centre-Val de Loire est la plus touchée par cette crise qui frappe surtout le logement neuf. Quel est l'impact d'une telle situation pour la prochaine rentrée scolaire des 3000 apprentis du CAP au BTS ?

Les apprentis représentent 10 à 15 % des effectifs sur les chantiers. En 2022, le CFA du bâtiment de la région Centre-Val de Loire qui compte cinq sites de formation a formé 2 554 apprentis dans 2 066 entreprises partenaires de la région.

Alors forcément quand le secteur du bâtiment traverse une crise de cette ampleur, la question qui se pose est quelles sont les conséquences pour les jeunes qui ont choisi cette branche et qui doivent trouver une entreprise pour les accueillir ? 

Le président de la Fédération française du bâtiment de la région Centre-Val de Loire qui voit se profiler le creux de la vague de cette crise pour la fin de l'année se veut rassurant : "On a eu une rentrée normale et je pense qu'on aura une rentrée normale en septembre prochain sans baisse des effectifs en apprentissage", annonce-t-il. "La crise qui nous touche est essentiellement dans le neuf et l'apprentissage se fait davantage dans la rénovation que dans les constructions neuves", explique Anthony Laudat.

"Par ailleurs, il y a le traumatisme de la crise de 2008-2010 qui nous a impactés en 2014. Cette crise a fait qu'on a perdu la moitié des effectifs d'apprentis", rappelle-t-il. "Quand il a fallu repartir, on n'avait plus les compétences. Comme c'est une crise récente, les chefs d'entreprise s'en souviennent et préfèrent miser sur la main-d’œuvre de demain pour que la reprise se fasse dans de bonnes conditions".

Les leçons de la crise de 2008

Cette crise, Christophe Steckowski, le directeur du BTP CFA d'Eure-et-Loir, s'en souvient. "Les entreprises disaient qu'elles allaient arrêter de former parce qu'elles préféraient payer leurs salariés et maintenir leurs postes plutôt que de former des apprentis."

Les leçons du passé permettent à Christophe Steckowski de se montrer plutôt confiant. "On sait qu'il va y avoir une crise mais nos entreprises ne sont pas encore impactées puisqu'on a des demandes de formation. On a des entreprises qui souhaitent former nos jeunes et on continue à former nos alternants."

Pour lui, il faut miser sur l'avenir : "Certes elles vont être en difficulté, mais elles ont conscience du besoin de main d'œuvre qu'elles auront demain. Les métiers du bâtiment sont en tension. Si elles ne forment plus de jeunes, elles vont se tirer une balle dans le pied." 

Même constat pour Christophe Delmur qui dirige le CFA du Bâtiment du Loir-et-Cher : "Les artisans qui prennent nos apprentis ne nous ferment pas la porte. Ils sont juste plus prudents sur le recrutement qu'avant". Et d'ajouter : "Les entreprises doivent aussi renouveler les équipes. Avec la pyramide des âges, il y a beaucoup de départs à la retraite et donc il faut former les nouvelles générations."

L'inquiétude de l'évolution du marché de la rénovation

Dans le Loir-et-Cher, environ un quart des entreprises du bâtiment emploie des apprentis. 80 % d'entre elles sont des petites entreprises artisanales.

Le site de formation de Blois compte 650 apprentis. "On sort de deux très belles années. On a cette année 200 apprentis de plus qu'il y a quatre ans", constate Christophe Delmur. 

Avec la crise dans la construction neuve, il existe une inconnue : l'évolution du marché de la rénovation. "Cette crise du neuf est compensée par l'activité sur la rénovation notamment thermique des bâtiments. La rénovation est surtout assurée par les entreprises artisanales qui sont aussi nos principales entreprises partenaires", explique-t-il. "Ce que nous craignons à moyen terme c'est que comme lors de la crise de 2010-2011, les entreprises qui font du neuf se rabattent sur la rénovation pour faire travailler leurs salariés. Ça va mettre en concurrence les grosses et les petites entreprises. S'il y a plus d'acteurs sur le marché, il y aura moins de marchés à l'arrivée." 

Pour Anthony Laudat, président de la Fédération française du bâtiment en Centre-Val de Loire, c'est une crainte à avoir. "Si le gâteau est le même et qu'il y a de plus en plus de monde pour le manger ça risque d'être compliqué." Mais il rappelle : "On a toujours soutenu l'apprentissage, c'est dans l'ADN de nos métiers. On sait que de toute façon, on aura une reprise donc il nous faudra des jeunes à ce moment-là." 

6000 euros de prime d'embauche d'un apprenti la première année

La région Centre-Val de Loire compte cinq sites de formation pour les apprentis du bâtiment : Chartres, Tours-Saint-Pierre des Corps, Châteauroux (Indre et Cher), Orléans et Blois. 

Ils proposent des formations dans 37 métiers du bâtiment et des travaux publics. 

En 2022, le taux d'insertion professionnelle était de 87,25 % six mois après l'obtention du diplôme du CAP au BTS en passant par la licence professionnelle. 

Depuis le 1er janvier 2023, le montant de la prime d'embauche d’un apprenti est forfaitaire : elle s’élève à 6 000 euros et est versée uniquement la première année.

Avant cette date, l’aide était dégressive suivant l'année d'apprentissage prise en compte : de 4 125 euros pour la première année d’exécution du contrat, à 1 200 euros pour la troisième voire la quatrième année.

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