Depuis le 1er avril, les quotas laitiers ont disparu. Un système qui avait été institué en 1984. L'europe qui produisait 23 % de lait de trop par rapport à la consommation rachetait les excédents mais le budget européen allait exploser. On a alors demandé aux producteurs de limiter leur production.
Une mesure à l'époque vécue comme un drame, surtout en Auvergne car aux commandes de cette politique il y avait un Secrétaire d'Etat à l'Agriculture originaire d'Aurillac, René Souchon. Face à lui un autre auvergnat qui cumulait responsabilités locales régionales et nationales chez les producteurs de lait, Roger Blanc
Les quotas laitiers nous bloquaient
"On avait une à deux réunion à Paris par semaine. On était alors en pleine augmentation de la production de l’ordre de 7% par an alors que les bretons qui avaient déjà muté étaient à 1%, on était en train de spécialiser et les quotas laitiers nous bloquaient ".
Il faut dire qu'à l'époque les Auvergnats produisaient 3 fois moins que les Bretons qui s'étaient modernisés et l'arrivée des quotas laitiers, en déclenchant en crise a conduit à une grande prise de conscience, car pour se développer sans pouvoir produire plus, les auvergnats étaient condamnés à se restructurer et à innover.
Ça nous a boostés
Pascal Servier le reconnait "notre production est devenue officielle, c'est-à-dire on déclarait notre production chaque année et comme l’espace s’ouvrait, qu’on avait des informations sur ce qui se passait dans les autres régions, on s’est rendu compte qu’en Auvergne on avait du retard, ça nous a boosté".
Parler des quotas laitiers c’est aussi aborder la question du prix du lait et de la rémunération des producteurs rappelle Michel Thouly ancien producteur de lait et directeur de la coopérative Richemond : "on a créé des usines, avec de la recherche pour aller sur le marché en débanalisant et en produisant des marques alors on s’est heurté à la volonté de la grande distribution qui a voulu qu’on aille vers le consommateur avec des prix les plus bas possible"
Un marché de dupes
"Comme il faut quand même faire vivre des agriculteurs on a prélevé de l’impôt pour leur donner des subventions, donc nous on considère ça un peu comme un marché de dupes".
A suivre dans la seconde partie de ce reportage demain, les démarches de René Souchon, aujourd’hui Président de la Région Auvergne en déplacement à Bruxelles pour obtenir des mesures visant à garantir les revenus des producteurs laitiers.
Intervenants: Roger Blanc, président de la Fédération Régionale des Producteurs de Lait en 1984; René Souchon, Secrétaire d'Etat à l'Agriculture en 1984; André Delperie, secrétaire de la FRPL en 1984; Michel Thouly, ancien producteur de lait et directeur de la coopérative Richemond en 84. Reportage Stéphanie Vinot, Eric Taxil.