Les quotas laitiers ont disparu au 1er avril 2015 et les producteurs auvergnats doivent désormais faire face à une nouvelle concurrence, encore plus féroce car planétaire. Deuxième volet du reportage de Stéphanie Vinot et Eric Taxil, à Bruxelles, au coeur des décisions européennes.
Bruxelles où l’on retrouve René Souchon, le Président de la Région Auvergne qui Secrétaire d’Etat à l’Agriculture en 84 avait participé aux travaux préparatoires avant la création des quotas laitiers. Il est allé faire des propositions pour apporter une nouvelle forme de régulation afin de protéger les petits producteurs de lait de la volatilité des cours mondiaux. Car depuis le 1er avril, le prix du lait est soumis uniquement à la loi de l'offre et de la demande.
La Nouvelle-Zélande fait les prix
"On est dans le court et le moyen terme" explique André Pfimlin, expert du secteur laitier, "sur quelque chose d’extrêmement aléatoire et ce qui fait les prix au niveau mondial c’est la Nouvelle-Zélande qui exporte 90 à 95 % de sa production et qui est capable de produire à un coût où les éleveurs européens ne peuvent pas résister".
Et c'est de sa propre initiative que René Souchon a décidé de soumettre au comité des régions une nouvelle forme de régulation. "On va avoir énormément de difficultés par une baisse des prix du lait par le fait de la surproduction dans les zones les plus fragiles : zones de montagne, zones défavorisées et la quasi-totalité des pays de l’Est" a plaidé le président auvergnat devant le Comité des régions.
Un bonus-malus
Sa proposition comporte 3 niveaux, un observatoire des prix qui "tire la sonnette d’alarme" puis un bonus-malus pour moduler les prix et enfin on limiterait temporairement la production si la situation est trop grave.
A Bruxelles il faut négocier sec, notamment avec les Allemands même lors des réunions préparatoires entre socialistes. Mais sur le lait gauche et droite françaises, ici, se serrent les coudes. L'avis sera voté avec seulement 2 abstentions. De quoi satisfaire l'EMB, European Milk Board, un rassemblement d'associations de producteurs de lait de toute l'Europe.
Cela prendra un à deux ans avant que cet avis ne puisse être repris par la commission européenne. Un temps peut-être trop long pour les exploitations les plus faibles.