Mardi, les Clermontois ont eu un dernier rendez-vous avec la presse avant leur départ pour Londres. Face à Toulon, double vainqueur de la coupe d'Europe, l'ASM ne part pas favorite, et ça lui va très bien comme ça.
La finale de Dublin, perdue d'un cheveux contre les Toulonnais, est-elle vraiment rangée à jamais dans le carton des mauvais souvenirs comme le disent sans relâche les Clermontois alors que se profile un nouveau duel, à Londres cette fois-ci, entre les deux équipes française ? On aimerait les croire mais comment oublier ce 18 mai 2013 qui a vu les coéquipiers de Julien Bonnaire passer du rêve au cauchemar en 80 minutes ? Ce n'est pas oublié mais "c'est loin" souligne le troisième ligne de l'ASM. "On n'avait pas perdu contre plus fort, on s'était tiré une balle dans le pied", poursuit-il à quelques heures de sa probable dernière occasion de remporter un titre européen.
On est les favoris, ça parait logique. On a gagné le titre l'année dernière, il y a deux ans, on a fait le doublé l'année dernière. – Franck Azéma (entraîneur de l'ASM)
Samedi, à Twickenham, le contexte sera bien différent souligne Jean-Marc Lhermet. Pour le manager sportif de l'ASM, "c'est difficile de parler de revanche" car si on compare les deux équipes, de "l'eau a coulé sous les ponts" depuis. Aurélien Rougerie va dans le même sens : "il y a deux ans, ce n'était pas les mêmes hommes, la même équipe, je ne sais pas qui est favori sur cette rencontre". Pour son entraîneur, Franck Azéma, il n'y a aucun doute quant à la réponse. "On est les favoris, ça parait logique", dit-il avec une pointe d'ironie", "on a gagné le titre l'année dernière, il y a deux ans, on a fait le doublé l'année dernière". Morgan Parra se satisfait de ce statut d'outsider. "Tout le monde nous voit perdants car on n'a pas l'habitude de gagner les finales, c'est parfait" convient le demi de mêlée devant les micros.
On l'a compris, du côté du Michelin, on ne se met pas la pression, on la laisse à Toulon. Pourtant, son président clame haut et fort que "Clermont est favori". "Je ne vois pas comment on va résister à la furia. Je ne sais même pas si j'irai à Londres !", disait encore récemment Mourad Boudjellal. Les deux équipes jouent l'intox à fond avant de se retrouver samedi à 18h dans l'antre londonien du rugby. Là-bas, les Clermontois espèrent enfin accéder au sommet de l'Europe même si la tâche s'annonce difficile face à une équipe qui compte parmi ses forces la confiance accumulée avec ses trois finales victorieuses sur les quatre dernières qu'elle a disputées.
On va jouer la plus belle équipe d'Europe, on ne joue pas des peintres. On n'a rien à perdre. – Morgan Parra
"On va jouer la plus belle équipe d'Europe", ajoute Morgan Parra, "on ne joue pas des peintres. On n'a rien à perdre". Si, Morgan, une finale. Une de plus diront alors les mauvaises langues. Si Eric de Cromière, le président de l'ASM, disait il y a peu qu'un "club, ce sont des titres, mais pas que...", il ne faudrait pas, pour autant, oublier d'en gagner un de temps en temps. D'ailleurs, Jean-Marc Lhermet, s'il va dans le sens de son patron en affirmant qu'on "ne peut pas résumer la grandeur d'un club aux lignes de son palmarès", reconnaît qu'au "bout du bout c'est ce qui valide le travail". Pour l'ancien troisième ligne des Jaune et Bleu, finaliste malheureux du championnat de France en 1994 et 1999, passé depuis dans l'encadrement du club, "il n'y a pas que les titres qui comptent mais les titres comptent".