Certains techniciens d'Orange ont été exposés à des risques radioactifs en manipulant des parafoudres, selon un rapport du cabinet Secafi. Cette expertise a été réalisée sur 3 ans à la demande du Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de l'Unité d'intervention d'Auvergne.
D'après ce document, réalisé avec avec l'aide d'un laboratoire du CNRS et dévoilé par la revue Santé & Travail, "les expositions passées" de certains salariés aux parafoudres contenant du radium 226 (Ra226) "ressortent à des niveaux significatifs qui ne peuvent être négligés". Secafi remet ainsi en cause des études précédentes et notamment celle effectuée par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) qui reposait sur des données théoriques et avait montré que l'exposition des salariés ne dépassait pas les seuils admis pour la population générale.
Les parafoudres sont des dispositifs de protection des appareillages électriques ou électroniques contre les surtensions générées par exemple par la foudre. Orange (ex France Télécom) en a installé environ un million avant d'arrêter leur déploiement à la fin des années 1970. L'entreprise a commencé à les retirer en 1999 et avait indiqué en 2013 qu'elle prévoyait de les retirer totalement dans les huit ans.
Le CHSCT de l'Unité d'intervention d'Auvergne aurait alerté la direction dès 2006 sur des cas de cancers parmi des "lignards", techniciens intervenant sur les lignes et centraux téléphoniques. A l'époque, "en incluant les retraités, le médecin du travail dénombre 10 cancers sur une population de 22 agents" de Riom-ès-Montagne (Cantal), rappelle la revue Santé & Travail.
Pas de lien entre les expositions au radium et les cancers, selon Orange
L'étude de Secafi, qui n'est "en aucun cas une étude médicale", "complète les analyses de risques réalisées jusqu'ici" mais "n'en remet pas en cause les principales conclusions", selon Orange. Toutes les études montrent "que même dans des conditions de manipulation défavorable, l'exposition reste très faible (...) Les chercheurs n'ont pas mis en avant pour le moment de lien entre ces expositions faibles et des pathologies", ajoute la direction.Selon Secafi, les techniciens "qui ont fréquemment manipulé, brisé et/ou mis dans leurs poches" des parafoudres au radium "par le passé, ont pu être exposés à des niveaux qui justifient une traçabilité et un suivi médical spécifique". Aujourd'hui, les parafoudres au radium "ne représentent qu'une petite proportion des parasurtenseurs encore présents sur le réseau", indique Secafi.
Selon le cabinet, "les risques liés aux opérations de dépose sont faibles et largement maîtrisables dès lors que les agents en charge de la dépose appliquent bien les consignes de prévention". Mais "le stockage et le transport de cartons de parasurtenseurs au Ra226 peuvent être des sources d'expositions significatives", note-t-il. Il recommande de "faire évoluer le discours de la direction nationale qui, se veut systématiquement rassurante".