Qatar: les contreparties régionales du contrat de vente des Rafales

Ce lundi 4 mai, François Hollande signe à Doha, au Qatar, un contrat de 6,3 milliards d’euros pour l'achat d'avions Rafales. Pour emporter l’affaire, la France a dû lâcher des droits de trafic à Qatar Airways, une ligne Lyon-Doha devrait ouvrir prochainement, Air France n'apprécie pas!

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Alors qu'il y a six mois encore, personne n'aurait parié sur les chances à l’exportation de l’avion de combat de Dassault, voilà que les contrats affluent: l’Egypte en a acheté 24, l'Inde envisage d'en acquérir 36 exemplaires et le Qatar signe donc pour 24 appareils.
Le quotidien économique Les Echos rapporte, sous la plume de David Barroux, que "pour rafler la mise, les pouvoirs publics auraient accepté d'accorder en contrepartie à Qatar Airways de nouveaux droits de trafic permettant à cette compagnie nationale de se développer sur le marché français. Au final, ce qui est bon pour Dassault risque donc d'être mauvais pour Air France".

Contreparties provinciales?
Pour signer ce contrat, qui tombe à pic pour l'Etat français, les Qataris ont mis dans la balance une augmentation des droits de trafic pour Qatar Airways vers la France. La compagnie de Doha réclamait, semble-t-il sans succès, de pouvoir desservir la province en direct, en plus de Paris. François Hollande aurait tranché, il a fait savoir à l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, qu’il accordait à Qatar Airways la possibilité d'atterrir et de décoller à Lyon et à Nice,et cela plusieurs fois par semaine.
Les deux parties ont aussi convenu de faire le point dans un an, toujours selon les informations des Echos.
Mais, le président François Hollande a affirmé lundi qu'il n'y avait pas eu de "contreparties" de la part de la France à l'achat de 24 avions Rafale par le Qatar, démentant l'obtention de droits de trafic aérien supplémentaires vers la France. "Il y a des discussions qui sont engagées dans d'autres domaines avec le Qatar, avec d'autres pays pour l'attribution de lignes aériennes, mais ce contrat n'a pas fait l'objet de négociations sur d'autres sujets que l'avion Rafale et des matériels qui doivent l'équiper", a-t-il déclaré lors d'un point presse à Doha.
Le chef de l'Etat a rappelé qu'il y avait "des discussions engagées depuis plusieurs mois, non seulement avec le Qatar mais avec d'autres pays, pour que nos aéroports puissent avoir encore davantage d'offres". "Je pense à l'aéroport de Nice, de Lyon, mais ça n'a pas de rapport avec ce que
nous faisons ici. Mais il est assez légitime que nous ayons des discussions, des négociations pour que des lignes aériennes puissent être ouvertes en faveur de pays qui permettent aussi d'acheminer un grand nombre de touristes, et nul doute que les villes de Nice et de Lyon sont particulièrement demandeuses de ce type d'attributions", a ajouté M. Hollande.

Contrat ou concurrence déloyale?
Dans un entretien au Figaro, Frédéric Gagey, le PDG d'Air France, critique les "subventions indirectes" dont bénéficient selon lui les compagnies aériennes du Golfe qui versent très peu de redevances aéroportuaires "Il est certain que si les compagnies européennes payaient peu de redevances aéroportuaires comme celles du Golfe, leurs problèmes seraient résolus!", déclare le PDG, interrogé sur cette polémique qui dure depuis plusieurs mois malgré les dénégations des compagnies concernées Emirates, Etihad et Qatar Airways. "Chaque année, Air France et ses passagers versent quelque 500 millions d'euros à Aéroport de Paris", explique M. Gagey, quand les compagnies du Golfe selon lui "bénéficient notamment de subventions indirectes importantes puisqu'elles s'acquittent de très faibles redevances aéroportuaires dans leur pays".
Il rappelle que "la commission européenne s'est saisie du dossier" il y a quelques semaines, en réponse aux protestations de Paris et Berlin qui y voient une "concurrence déloyale" et demandent des négociations entre l'Union européenne et les pays concernés.
Les mêmes critiques ont récemment été formulées par les compagnies américaines American Airlines, Delta Airlines et United Airlines qui ont demandé début mars aux autorités américaines des mesures de protection pour se prémunir d'Emirates, d'Etihad et de Qatar Airways qui ont, selon elles, bénéficié de 42 milliards de dollars d'aides gouvernementales depuis 2004.


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