Alors que trois adolescents sont morts, samedi 13, à Bas-en-Basset (43), victimes d'une explosion en manipulant "un mélange non maîtrisé de produits chimiques" et qu'un quatrième a été grièvement blessé, on apprend qu'ils étaient adeptes de l'airsoft, un jeu avec des répliques d'armes à feu.
L'airsoft est un loisir qui voit des joueurs utilisant des répliques d'armes à feu tirant de petites billes s'affronter dans des scénarios reproduisant des affrontements militaire. La justice a estimé dimanche que l'explosion qui a tué trois adolescents la veille en Haute-Loire aurait pour origine un mélange chimique "non maîtrisé" pour fabriquer des fumigènes artisanaux utilisés dans le cadre de ce jeu.
De nombreux sites internet français de produits liés à l'airsoft vendent des fumigènes, utilisés pour simuler des explosions ou se camoufler et dissimuler sa progression, comme le font les militaires en opération. Mais dans le cas des jeunes décédés à Bas-en-Basset, âgés de 14 à 16 ans, il s'agirait d'un mélange artisanal d'acétone et d'acide, a affirmé le vice-procureur du Puy-en-Velay, Yves Dubuy, assurant avoir découvert "des recettes complètes sur internet" sur des sites de jeu type airsoft.
"On trouve des recettes de fumigènes sur internet, comme celles d'explosifs d'ailleurs, mais il ne faut surtout pas s'amuser à cela. Si on veut utiliser ce genre de matériel, il faut passer par des vendeurs professionnels, avec des modèles certifiés, dotés d'une notice d'utilisation précise", explique à l'AFP Pierre Speisser, vice-président de la Fédération française d'airsoft.
L'airsoft est né au Japon dans les années 1970, avec le développement de répliques d'armes pour les collectionneurs, qui ont évolué pour devenir capables de tirer de petites billes en plastique ou biodégradables. Répartis en équipes, les joueurs, souvent en tenue de camouflage, doivent éliminer les membres du groupe adverse en les touchant par billes ou remplir divers objectifs inspiré de situations militaires (prendre d'assaut un bâtiment ou une colline, libérer des otages, tirer sur des cibles...).
Ce loisir est arrivé en France dans les années 1980. La Fédération française d'airsoft revendique aujourd'hui plus de 3 000 licenciés dans 170 clubs, mais estime qu'il y aurait jusqu'à 40 000 pratiquants. "On cherche à responsabiliser les pratiquants et les professionnels du secteur, à travers une charte qui énonce des règles de bon sens: transporter les répliques dans des housses, pratiquer sur des terrains autorisés et balisés, porter des lunettes de sécurité", détaille Pierre Speisser.
Un effort qui porte ses fruits. "Au début, je pratiquais avec des amis en sauvage mais tout est maintenant réglementé: il y a des terrains payants, où on est encadrés et assurés", raconte Renaud, la trentaine, joueur occasionnel en région parisienne. "On trouve des répliques de fusils d'assaut à moins de cent euros, mais ce sont des modèles chinois médiocres. A partir de 400 euros, on a des répliques japonaises en bois et en acier, fonctionnant au gaz et à l'électricité. Les fumigènes, je n'en ai jamais vu beaucoup utilisés, mais si on en veut, on en trouve à cinq euros. Vouloir les fabriquer soi-même, c'est un truc de gosses", juge-t-il.
Les répliques d'armes, du pistolet à la kalachnikov et au lance-grenade, sont d'apparence très réaliste, ce qui a été à l'origine de plusieurs fait-divers. En novembre 2014, un policier américain a tué à Cleveland un enfant noir de douze ans qui brandissait une réplique de pistolet.