Une nouvelle plate-forme de sports communautaire a été lancée cet été par une jeune femme d'Annecy. Son nom : "Outtrip", avec deux t. Ne voyez pas là une faute d'anglais, mais la volonté de souligner ses deux vocations : le sport en plein air.
"J'ai décidé de créer ma plate-forme digitale multisports pendant l'été 2018. Je revenais des chemins de Compostelle que j'avais emprunté au départ de Bayonne. Mon activité sur Paris ne me permettait pas à l'époque de prendre assez de congés pour faire l'ensemble du parcours... Et tout à coup, je me suis aperçu que je me sentais bien mieux avec un sac à dos de 8 kilos sur les épaules, qu'à boire un verre sur une terrasse en ville. Plus heureuse aussi, que dans les mondanités parisiennes"!
Voilà, c'est dit ! Il a fallu ce déclic, pour que Camille, une jeune femme trentenaire, pourtant bien installée dans sa vie parisienne et le secteur d'activité qu'elle s'est choisie, franchisse le pas. Employée successivement chez le voyagiste Thomas Cook, puis passée par ASO, l'organisateur entre autre du Tour de France et du Dauphiné Libéré, elle n'hésite pas longtemps lorsqu'il s'agit de se choisir une nouvelle base de vie, hors Paris.
Annecy, paradis du "Outdoor"
Ce sera... Annecy! "Parce que c'était la ville de mes rêves", revendique-t-elle. Il existe pire cadre, il est vrai, pour soigner l'objet principal des souffrances de Camille. "A Paris, je souffrais de plus en plus d'être loin de la nature", avoue la jeune créatrice de la start-up outtrip.fr
Car ce n'est pas seulement pour goûter au potentiel de randonnées de la capitale haut-savoyarde qu'à l'été 2020, elle pose ses bagages en AURA. Mais bien pour créer son activité autour du sport en plein air.
"Comme beaucoup de sportifs, je ne pratique pas seulement une seule activité. Outre la randonnée, je fais aussi du trail, du ski de fond, du paddle... J'ai toujours trouvé qu'il était difficile de découvrir des infos en fonction de mon niveau, dans telle ou telle discipline. De dégoter LE conseil adapté qui va me donner le coup de pouce qui me manque au bon moment. Pour se lancer dans une nouvelle discipline, par exemple, ou tout bonnement pratiquer un sport dans une région que je ne connais pas", explique-t-elle.
2000 inscrits et 20 milles vus en moyenne par mois
C'est pour répondre aux questions du débutant, comme à celle du sportif confirmé que Camille, et son développeur Web Alex, ont créé Outtrip. Premiers Outtripeur et Outtripeuse de l'histoire de la jeune start-up installée depuis cette année à Cran-Gevrier, dans la banlieue d'Annecy, ils ne sont pas restés seuls bien longtemps.
Sur leur plate-forme (outtrip.fr), ils ont été rapidement rejoints par des membres venus créer leur page pour partager témoignages, conseils, bon plans multisports. Echanger photos et vidéos sur un coin à randos, un spot de surf, une descente VTT à couper le souffle dans les alpes, les Pyrénées, les Vosges... 300 itinéraires sont répertoriés pour le moment dans toute la France.
"C'est vrai que selon les régions, notre carnet de bons plans est plus ou moins fourni, explique encore Camille. C'est assez logique que pour l'instant, les deux régions où l'on ait le plus de retour soit les région AURA (Auvergne-Rhône-Alpes) et IDF (Ile-de-France). Mais il ne tient qu'à nos membres de créer leurs propres pages pour partager leurs bonnes expériences. A la différence de la façon dont les sportifs mono-activité utilisent souvent Facebook ou d'autres réseaux sociaux, on est, nous, vraiment dans l'optique du partage tous azimuts".
De grosses marges de progression avec bientôt : la "gamification" et une app
Comme n'importe quelle start-up, "Outtrip" évolue presque de jour en jour au cours de ce premier vrai été d'existence. Lancée en décembre 2020, la première version de la plate-forme multisports, a rapidement laissé sa place à une seconde sortie en juin dernier.
"On va, bien sûr, s'enrichir en contenus. Sur la randonnée par exemple, on est plutôt bons déjà. Mais on va devoir proposer beaucoup plus de choses sur le paddle, le kayak ou le surf", ambitionne Camille. "Et puis, l'hiver prochain, on sera sur les bons plans ski de fond, raquettes à neige, évidemment... A terme, ce que l'on veut, c'est ouvrir le plus large public à des cultures sportives parfois un peu fermées sur leurs élites, dans leur jargon aussi", conclut-elle.
Pour faire gonfler les effectifs de la communauté "Outtrip", Camille et Alex comptent sur l'arrivée de ce qu'ils appellent la "gamification". Une récompense à la participation qui permettra aux plus actifs des "outtripers"(euses) de gagner des points utilisables dans l'e-boutique de la plate-forme.
Et puis, cet hiver, "Outtrip" devrait encore s'enrichir d'une application, d'autant plus attendue qu'elle a été financée par une campagne de récolte de fonds participative. De quoi ravir plus encore la communauté des milliers de pratiquants d'un "sport outdoor happy and friendly", (un sport de plein air joyeux et bienveillant, disait-on plus volontiers au siècle dernier), selon la définition qu'en donne leur nouveau lieu de rendez-vous... digital.