Un refus de prescription ou d’arrêt de travail, une attente jugée excessive pour la prise en charge et c’est parfois le dérapage. Selon l’Observatoire du conseil national de l’ordre, le nombre d’incidents chez les médecins en 2015 atteint presque le record.
Insultes, menaces, coups, vandalisme, vol … Avec 35 agressions déclarées en 2015, l’Isère se classe dans le top 3 des départements les plus touchés par la violence envers ses médecins derrière le Nord (64) et les Bouches-du-Rhône (63).
Si, dans la plupart des cas, les agressions sont surtout verbales, les médecins sont aussi, parfois, victimes de violences physiques
Des agressions en hausse
L'Observatoire de la sécurité des médecins a recensé l'année dernière 924 déclarations d'incidents, soit quasiment autant qu'en 2013 (925), année record depuis le lancement de l'étude par l'Ordre des médecins et Ipsos en 2003. Et 23 de plus qu'en 2014.
Pour 2015, les déclarations d'incidents représentent 4,6 agressions pour 1.000 médecins en activité régulière.
Les incidents étaient principalement verbaux (69%), les agressions physiques et les actes de vandalisme restant minoritaires (8% chacun). Les vols ou tentatives de vols représentaient un peu moins d'un incident sur cinq et l'utilisation d'une arme demeure rare (2%).
Selon le baromètre, 7% des agressions ont donné lieu à une interruption de travail (-1 point par rapport à 2014); seulement 32% des déclarants ont déposé une plainte et 12% une main courante, plus de la moitié (56%) ne faisant aucun des deux.
Les généralistes en première ligne
Les généralistes qui représentent plus de la moitié des effectifs, sont les plus touchés avec 65% des déclarations (+4 points par rapport à l'année précédente), loin devant les spécialistes (35%), parmi lesquels les ophtalmologues (6%), les médecins du travail (4%), les psychiatres, les gynécologues-obstétriciens et les dermatologues (3%).
Ce 19 octobre, nous recevions le Docteur Pascal Jallon, Président de l'Ordre des Médecins isérois
Les raisons qui font perdre la raison
La première raison des agressions est liée à un reproche relatif à une prise en charge (33%), puis vient le vol (18%), le refus de prescription (16%) et enfin le temps d'attente jugé excessif (9%).
A noter que plus de la moitié des agressions ont lieu en centre-ville (54%), loin devant la banlieue (21% des incidents déclarés) et les zones rurales (17%).
Les violences aux urgences sous-évaluées
Selon l’étude, plus de 7 agressions sur dix se déroulent dans un cabinet, dans le cadre de l'exercice de la médecine de ville. Les Urgences n'enregistrent que 2% des incidents.
Dans les hôpitaux, "ce ne sont pas les médecins les plus touchés, mais les personnels soignants, premiers interlocuteurs des patients", a souligné Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France.
Pour lui, malgré "de gros progrès", les incidents sont encore "sous-déclarés" notamment à cause du "temps passé à déposer plainte" alors qu'il faut "poursuivre l'activité".
La violence se banalise
"Il n'y a pas d'excuse à une situation insécuritaire dans l'exercice des professions de santé", a dénoncé mardi Patrick Bouet, président de l'Ordre des médecins, lors d'un débat après la publication de ces chiffres.