Parce qu'il refuse de mettre des puces électroniques sur ses brebis, un couple d'éleveurs de Mévouillon (Drôme) a été sanctionné financièrement. Il revendiquait, ce mardi 27 mai, son droit au libre-choix devant le tribunal administratif de Grenoble. Presque une affaire d'Etat pour certains éleveurs.
Des biquettes pucées à la naissance. C’est une obligation en France depuis juillet 2010, pour tous les ovins. La plupart des éleveurs s’y sont conformés. Mais il reste des réfractaires.
Deux éleveurs du sud de la Drôme en appellent aujourd'hui au tribunal administratif de Grenoble. Ils contestent 12.000 euros d’amende (suppression d’une prime et ajout de pénalités) et le classement à risques de leur troupeau par la Direction départementale des Territoires, après qu’un inspecteur a constaté qu’ils ne puçaient pas leurs animaux.
La décision n’a pas été rendue mais les propos du rapporteur du Tribunal sont "encourageants" pour l’avocate des paysans.
Industrialisation et contrôle
Officiellement, l’identification électronique avec des puces RFID (même technologie que sur une carte de transports en commun) est un moyen au service de la « sécurité alimentaire ». Elle améliore le traçage automatique, minimise le risque d’erreurs, facilite aussi le contrôle et la remontée jusqu’à l’éleveur qui pourrait être mis en cause.
Plus officieusement, les puces peuvent être un argument marketing pour les éleveurs qui s’adapteraient, un gage de modernité et de confiance.
Mais entre conservatisme moral et anti-productivisme, les critiques sont nombreuses. Ici, on critique la marche forcée vers l’informatisation ou l’ascendant donné à la technologie sur la biologie. Là, on pointe un monde industriel qui impose sa loi aux petits producteurs et aux élevages hétérodoxes (bio, espèces rares, etc.). Là-bas, on parle d’une création artificielle, d’un marché juteux et pourtant dispensable.
Libre choix, puces 2.0 : des solutions
Depuis le 1er janvier, le puçage de tous les ovins, y compris ceux nés avant 2010, est obligatoire. Une mesure prise au niveau européen, dont l'application a déjà été retardée de 6 mois par le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll. Ainsi, l'informatisation de l’élevage s'accroît. Au grand dame de la Confédération paysanne, qui souhaiterait que la France fasse comme les 14 pays européens qui n’ont pas encore transposé la règle européenne dans leur pays.
Plutôt que de revenir en arrière, il est aussi possible d’aller de l’avant. Des éleveurs ont monté une entreprise (Biopic) qui commercialise et exporte des puces plus évoluées, capables de recueillir toutes sortes de données physiologiques sur l’animal. Vendues deux euros l’unité, elles pourraient offrir le faible coût et l’utilité qui semblent tant manquer au dispositif.