Des respirateurs censés aider des personnes souffrant d'apnée du sommeil sont rappelés par Philips car défectueux et potentiellement dangereux. Une action collective en justice est lancée contre l'industriel hollandais. Malgré ce risque, de nombreux patients sont contraints de les utiliser, en attendant leur remplacement.
David Gangarossa souffre d'apnée du sommeil sévère. Il est équipé la nuit d'un appareil dit PPC. Cela fait partie de son traitement par ventilation à pression positive continue (PPC) et consiste en l'envoi d'air sous pression via un masque appliqué sur le visage.
Son appareil est tout neuf, à côté de son lit, il le positionne tous les soirs avant de se coucher depuis bientôt deux ans.
L'ancien, défectueux, a été rappelé par le fabricant.
David, comme d'autres utilisateurs, a ressenti un changement dans l'utilisation de son respirateur. "J’avais des maux de tête tous les matins en me levant, une forte toux, un peu en journée mais surtout la nuit et la sensation d’avoir le nez obstrué en permanence".
Des symptômes qui ont disparu du jour au lendemain, en changeant d'appareil.
"J’ai appris le 8 février qu’il y avait un problème sur des appareils. Mon matériel était concerné " explique-t-il. "Selon les pathologies, certains patients risquent à tout moment un AVC ou un problème cardiaque selon l’importance de leur apnée et leur âge" poursuit-il.
Des appareils potentiellement dangereux
Juin 2021, Philips rappelle 5 millions d'appareils. La mousse polyuréthane censée les insonoriser provoquerait des irritations et présenterait un risque cancérigène.
La firme a lancé un programme de remplacement. A ce jour, selon Philips, "environ 10% des appareils de PPC concernés en France ont été distribués aux prestataires". La multinationale anticipe une production à hauteur de 56% d’ici juin mais rencontre des difficultés d'approvisionnement sur plusieurs composants liées au contexte mondial actuel.
Action collective
L'information apprise tardivement par nombres d'utilisateurs les a décidés à se réunir pour une action collective engagée contre le fabricant.
"Face à des firmes internationales, une action collective permet de faire bloc, d'unir nos forces. Il y a d’abord eu un défaut d’information de la part de Philips et de ses prestataires-revendeurs" explique David. "Et puis, quand on prend un dispositif médical, c’est qu’on a une pathologie qui génère du stress donc rajouter du stress avec un appareil défectueux qui pourrait à terme poser un problème de santé c’est très problématique" détaille-t-il.
"C’est un stress supplémentaire généré mais surtout il peut potentiellement se déclarer plus tard par un cancer, et quand on prend un dispositif médical, on s’attend à ce qu’il soit sûr."
Nouveau scandale sanitaire
Pour Christophe Leguevaques, avocat, nous sommes face à un nouveau scandale sanitaire. Plus d'un millier d'utilisateurs se tournent vers la justice.
"Il existe un préjudice moral d'anxiété qui résulte du défaut d’information de Philips depuis le mois de juin 2021. La société a oublié depuis le mois de juin 2021 de mener une campagne d’information et elle a également oublié de mettre en place un mécanisme de changement d’appareil" souligne l'avocat.
"Il n’y a pas de certitude mais il y a un risque de cancer" insiste-il. "Donc les gens se retrouvent avec une machine qui a été présentée comme étant leur meilleur ami et qui, du jour au lendemain, devient leur meilleur ennemi parce qu’ils ont besoin de cette machine pour vivre".
Maitre Leguevaques précise qu'il y a encore un gros travail d’investigation à mener afin de déterminer comment Philips a utilisé le produit cancérigène, le polyuréthane, et depuis quand la marque était au courant de sa dangerosité.