Aux portes de la Métropole de Lyon, Neyron (Ain) est une commune de 2500 habitants qui attire de plus en plus. Un lotissement d'une trentaine de maisons est en construction. Mais, dès les travaux de terrassement, le quartier situé au-dessus s'est mis à glisser. Six familles ont déjà été évacuées.

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Mardi 16 février, le maire de Neyron a pris un arrêté pour stopper le chantier de la Zac du Clos Bertholon. Le document est désormais visible à plusieurs endroits sur le site du programme immobilier, un policier municipal a planté des pancartes dans la foulée.

L'expert judiciaire, nommé par le Tribunal Administratif, va pouvoir travailler sereinement. D'ailleurs, dès le lendemain, un groupe de spécialistes observait déjà attentivement les lieux. 

Il va falloir comprendre le phénomène qui engendre le glissement du quartier qui surplombe la Zac. 

Depuis les premiers travaux de terrassement, et malgré la construction d'importants murs de soutènement, rien ne va plus au-dessus !

"Pour nous, les premières fissures sont apparues fin novembre/début décembre, raconte Laurent Dufour en montrant l'arrière de son domicile, cette fissure indique clairement que la maison est en train de basculer vers la rue." Il a été évacué. "A certains endroits, ça ne tient que grâce à la charpente", ajoute-t-il. 

Six familles sont déjà concernées et d'autres "attendent leur tour". "On nous dit que les prochains c'est nous", commente un couple de retraités inquiets, la maison mitoyenne a déjà été vidée de ses habitants. Le voisin, justement, est de passage, pour nourrir ses poules. Il pointe le muret de son jardin qui a déjà avancé d'une dizaine de centimètres, se dissociant peu à peu d'une barrière perpendiculaire. 

Une situation qui dure depuis décembre

Dès les première fissures déclarées, courant décembre, Jean-Yves Girard, le maire de Neyron dit avoir réagi avec l'équipe municipale. Il faut dire que l'élu est aussi assureur, donc sensible aux risques. 

"Nous avons tout de suite informé la préfecture de l'Ain, au travers de sa cellule de crise, qui nous a missionné le BRGM pour avoir une première expertise de la situation. Ils sont intervenus le 24 décembre et un premier rapport a été rédigé dès le 25. On a été amenés à prendre un arrêté de péril imminent pour évacuer une première maison qui était particulièrement touchée." 

Jean-Yves Girard, maire de Neyron

Le BRGM est revenu le 28 décembre et la mairie a fait évacuer une 2e maison. Et ainsi de suite jusqu'aux six familles désormais sans toit. La municipalité a tenté de trouver des solutions pour le relogement de certains, car les assurances ne prennent pas toutes en charge de la même manière, tant que les causes des fissures ne sont pas officiellement déterminées. On ne paie parfois aux sinistrés que 5 nuits à l'hôtel ! 

Une cellule s'est mise en place au sein du conseil municipal. Gérée par l'Adjointe aux affaires sociales, elle s'occupe de tous les aspects sociaux de la situation. Une assistante maternelle et son époux auront ainsi bientôt droit à une petite maison.  

Quant à ceux qui résident encore dans le quartier, ils vivent "la peur au ventre". "On a clairement peur du glissement et en même temps d'être évacués et de ne pas être indemnisés. Et puis, il va falloir tenir sur la durée, tant moralement que financièrement", alerte Charlotte Bougaux, son bébé dans les bras.  

L'étape judiciaire

"On a saisi le Tribunal Administratif face à la gravité de la situation, explique le maire Jean-Yves Girard, pour avoir tous les intervenants nécessaires à la gestion d'un sinistre de cette ampleur. Bien souvent, une maison c'est l'investissement d'une vie, et je me mets à leur place. Alors, pour les habitants, j'aimerais que ça aille le plus vite possible."

Mais établir des responsabilités est un sacré défi en pareil cas. Est-ce le terrassement qui a libéré des sources qui fonctionnent désormais comme un tapis roulant ? Ou les sécheresses successives qui ont fragilisé la zone en pente ? Yann Marchand, le président d'Ytem Aménagement, se questionne également : "Je pense qu'il y a une multitude de petits phénomènes qui se sont groupés les uns avec les autres, et aujourd'hui ça aboutit à la catastrophe qui est en train de se passer depuis deux mois sur Neyron, avec des gens qui ne peuvent plus habiter leurs maison." 

"Un expert judiciaire a été nommé, mais je pense que ça sera quand même très long à résoudre dans la mesure où il y a une recherche des causes dans un premier temps, et du phénomène de glissement de terrain. Ensuite, il faudra se mettre autour de la table pour rechercher les responsabilités. Et puis, bien sûr, la réparation des dommages pour tous ceux qui sont impactés", renchérit le maire de Neyron.

Yann Marchand, l'aménageur, dit avoir confiance en l'expert. Il s'en "remet à lui pour les conclusions" et assure qu'il "ne se soustraira pas face à sa responsabilité".

Selon lui, il va certainement y avoir une multitude de possibilités et certainement de responsabilités mais le professionnel de la construction insiste sur les "3 années de sécheresse d'affilée". "Ce sont des sécheresses dures et longues suivies d'épisodes pluvieux très forts." Il attire l'attention sur "ces phénomènes climatiques" et précise que "la préfecture a demandé à remanier la carte d'exposition au phénomène de retrait-gonflement des argiles, avec notamment le replacement de la commune de Neyron de zone 2, à zone 3"

Il précise au passage que les cartes de Prévention des Risques Naturels émanent de la préfecture et que la constructibilité d'un terrain (PLU, DPRN, PLUI), directement de la commune ou de la communauté de communes.
 

"Moi, ça fait 20 ans que je fais ce métier. C'est mon premier incident […] Je regarde les faits. Aujourd'hui, on est tous impactés mais il y a des gens qui ont dû abandonner leur maison, en plus certains pour les fêtes de Noël. Emotionnellement, c'est dur pour nous, mais c'est moins dur que pour eux, ça c'est sûr et certain."

Yann Marchand, Ytem Aménagement

Reportage Franck Grassaud et Maryne Zammit

A l'heure de la construction d'un lotissement, les maisons qui surplombent fissurent. Six familles ont dû être évacuées.

 

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