Ain : le maire de Cerdon interdit à la neige de tomber par décret municipal

Marc Chevant, maire de Cerdon dans l'Ain, utilise l'humour pour dénoncer le manque de moyens des petites communes mais aussi le malaise de leurs élus face aux administrés de plus en plus vindicatifs. Le tracteur servant à déneiger la commune est tombé en panne. Il signe un arrêté interdisant à la neige de tomber.

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"Il fallait que je m'exprime et j'ai choisi de le faire avec humour." Marc Chevant (SE) est le maire du village de Cerdon dans l'Ain (800 habitants). Le 6 novembre, il signe un arrêté interdisant "à la neige de tomber sur sa commune". 

Sur le document, l'édile évoque "les caractéristiques de la neige qui, cet hiver, est constituée de particules d’eau glacée qui tombent sur le sol" ainsi que "les remarques insistantes d’une partie de la population qui trouve que la neige est froide, qu’elle mouille et qu’elle glisse". 

Et pour bien faire comprendre à certains de ses administrés que ces petites pics leur sont indirectement adressée, il ajoute : "les remarques de certains habitants, souvent néo-ruraux qui, bien qu’ayant fait le choix de vivre en zone de montagne, se croient toujours dans le centre de Lyon et qui se plaignent de l’état de nos routes en hiver et des coupures de courant à la campagne".

 

Un village coupé du monde

Le document administratif marqué du sceau de la mairie n'est que la dernière étape d'une série de péripéties. Tout commence fin novembre. Le tracteur municipal, servant autant à déneiger qu'à entretenir les voiries, tombe en panne. Manque de chance, d'importantes chutes de neige tombent dès le lendemain. 

Les routes sont alors coupées un temps et le village sera même privé d'électricité, pendant trois jours par endroit. La neige a entraîné des chutes de branches sur les lignes électriques qui alimentent le village. 

"J'ai reçu je ne sais combien d'appels et de mails pour nous demander de régler le problème", nous explique Marc Chevant. Malgré ses efforts et celui de ses adjoints pour trouver des solutions, "un riverain nous a reproché de ne pas avoir la même qualité de service qu'au centre-ville de Lyon", ajoute-il. 

Premier interlocuteur 

"Je n'avais aucune expérience en politique avant d'être élu en 2020. J'apprends plein de choses et c'est hyper enrichissant, mais c'est très dur", nous confesse-t-il. "Les gens nous appellent pour tout et n'importe quoi, on est leur premiers interlocuteurs." Et l'édile n'hésite pas a leur rendre cette confiance.

"Les gens ne savent pas que le dimanche soir, c'est mon adjoint et moi qui sommes sur les routes pour couper les arbres qui encombrent le passage avec nos véhicules et matériels personnels."

Faire des "choix cornéliens"

Il incombe aussi à Marc Chevant de faire "des choix cornéliens". Acheter un nouveau tracteur coûterait 150 000 euros, soit un quart du budget de la commune. "Si je fais cet investissement, je ne peux pas sauver l'épicerie du village qui est le projet coûteux que l'on veut financer", déplore-t-il.

Il profite donc de son arrêté pour également faire appel aux pouvoirs publics, regrettant la suppression de la taxe foncière, seul véritable "levier fiscal" dont la commune bénéficiait auparavant.

"Le fait que le gouvernement ait privé les communes de leur autonomie financière, il est difficile d’investir 150 000 euros dans un matériel de déneigement neuf sans devoir renoncer aux autres investissements tout aussi indispensables pour l’avenir de Cerdon", écrit-il sur le document administratif. 

Passer par la location 

Faute de pouvoir en acheter un nouveau tracteur, l'édile envisage d'en louer un même si cela leur coûtera "beaucoup plus cher." D'un point de vue comptable, cela serait considéré comme des frais de fonctionnement et non d'investissement. Ce que la commune pourra se permettre, car elle n'a pas le droit de s'endetter au-delà d'un certain point. 

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