Environ 60 agriculteurs étaient depuis mercredi soir devant l'entrée de la centrale d'achat Carrefour de St Vulbas dans l'Ain. ils viennent, ce vendredi de lever leur blocage. Ils ont rendez vous le 2 mars avec des représentants du groupe Carrefour.
L'opération coup de poing des agriculteurs de l'Ain s'arrête là, après trois jours de bras de fer.
Une soixantaine d'entre eux bloquait l'accès à la plate-forme logistique de Carrefour Saint Vulbas.
Tracteurs à l'arrêt et banderoles en évidence, les agriculteurs et éleveurs discutaient entre eux.
Justin est la 4e génération d'éleveurs. Il travaille 55 à 60 heures par semaines pour l'équivalent d'un SMIC (1 600€). Il sait que la situation est encore pire pour d'autres.
Il est corps et âme dévoué à ses vaches et ses poules élevées en plein air, alors quand les couts de production sont renégociés à ses dépens, il voit rouge. "Quand on produit, on a des couts, des charges et donc il faut un prix où on a une juste rémunération."
La loi Egalim 2, une avancée?
La loi Egalim 2 vise à instaurer l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole tout en favorisant une alimentation saine et durable.
A la veille des négociations commerciales annuelles entre industriels et grande distribution, les agriculteurs veulent obtenir l'assurance que les coûts de production agricole ne seront pas revus à la baisse.
"Aujourd’hui, ce que l’on recherche c’est que la grande distribution, les industriels s'engagent à rémunérer les agriculteurs au coût de production. Nos produits ont une valeur et il faut être payé au juste prix. On a rien contre le fait que tout le monde prenne sa marge mais il faut la prendre par-dessus le coût de production, une fois que l'agriculteur est rémunéré."
"On aime notre métier mais personne n’a envie de travailler pour la gloire ! "
Justin, éleveur
Les agriculteurs veulent aussi défendre leurs produits, ils ne sont pas dupes. Les produits étrangers, moins chers sur les étals, font baisser le prix de leurs marchandises.
"Ce qu’on recherche dans cette loi, c'est que la plupart des grandes surfaces s'alimente en 100 % français, sans concurrence déloyale de l’étranger. On a des produits qui arrivent moins chers car ils n'ont pas les mêmes normes que nous. En France, nous avons une agriculture qui est la plus durable au monde, qui est réputée pour être saine, riche et ça il ne faut pas qu’on le perde."
Un mouvement à l'appel de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs
L'action est déclinée un peu partout en France. Si le monde agricole répond massivement, c’est qu'il considère être au pied du mur comme l'explique Justin.
"On essaye de s’adapter, sans arrêt, aux consommateurs, aux normes écologiques et en face il n'y a pas les rémunérations" dit-il exaspéré" Cela fait des années que ça dure, poursuit-il, mon père qui était déjà au syndicat des Jeunes Agriculteurs se battait déjà pour les mêmes causes."
Les agriculteurs font un constat alarmant sur l'avenir du monde agricole. Les générations se tarissent. Il y a de moins en moins de jeunes qui envisagent de travailler dans l’agriculture.
Ils restent prudents mais sont satisfaits d'avoir eu une garantie verbale et un mail fixant un rendez vous au 2 mars.