Davantage de décès en 2020, une sensibilisation des conducteurs seniors, et le remplacement des radars. Ce sont les principaux enseignements du bilan annuel de la sécurité routière dressé par la préfecture.
" Je vous le dis dès à présent avec transparence : s’agissant de l’Ain, ce bilan est mitigé "a clairement résumé Catherine Sarlandie de la Robertie, en présentant, ce jeudi 4 février, le bilan de la sécurité routière 2020 du département, rappelant au passage que "la sécurité sur les routes de l’Ain est une grande cause, pour l’État, pour moi, pour nous tous.. " La préfète de l'Ain était accompagnée par le procureur de la République Christophe Rode, le colonel Yannick Bellemin-Laponnaz et le commissaire divisionnaire Yves Cellier, représentant les forces de gendarmerie et de police de l’Ain.
Baisse du nombre d'accidents
Alors que nous constations, depuis cinq années, une augmentation du nombre d’accidents et de blessés, en 2020, la tendance s’est inversée. En effet, le nombre d’accidents de la route a diminué de 19 % entre 2019 et 2020, en passant de 470 à 382. Quant au nombre de blessés sur les routes de l’Ain, il a suivi la même tendance en diminuant de 18 %, avec un total de 557 blessés.
Une mortalité en hausse de 26%
Les chiffres de la mortalité sur les routes de l’Ain sont, en revanche, une source de grande inquiétude pour les pouvoirs publics. En 2020, ce sont 43 personnes qui ont été tuées sur nos routes ; 43 vies fauchées et autant de familles brisées. Ce chiffre dramatique représente une augmentation de 26 %, comparativement à l’année 2019 alors même que la circulation a baissé. Le département de l'Ain se trouve donc malheureusement dans une situation quasiment inverse de celle du territoire national où la mortalité a diminué, elle, de 21 % par rapport à l’année 2019.
La préfète estime difficile de trouver une explication rationnelle à cette tendance : "des défauts de pratique et d’entretien liés au confinement ? Un contexte anxiogène qui distrait les conducteurs ? Quoi qu’il en soit, il conviendra de surveiller avec attention l’évolution de cette dynamique, car la mortalité sur les routes n’a rien d’anodin" a-t-elle insisté."Déjà, en ce début d’année, nous déplorons deux vies perdues sur les routes du département."
Une réflexion nationale sur la mobilité des seniors
La préfecture annonce qu'elle va davantage cibler le public le plus exposé à l'insécurité routière. En 2020, 30 % des tués dans l'Ain étaient âgés de 25 à 44 ans, tandis que 40 % des tués étaient des seniors, "une part significative et en forte hausse, qu’il nous faut impérativement prendre en compte pour l’avenir." Les seniors ne représentaient en effet « que » 23 % des tués sur la route entre 2015 et 2019.
La préfète annonce également qu'une réflexion nationale sera conduite cette année par la délégation nationale à la sécurité routière sur la mobilité des seniors. Le département de l'Ain a été retenu pour être pilote dans cette réflexion. "Je m’en félicite. Une première table ronde a eu lieu la semaine dernière réunissant les principaux acteurs sur le sujet. Sans stigmatiser ces usagers de la route, il nous faut comprendre pourquoi ils sont plus exposés au risque routier et, surtout, comment nous pouvons réduire ce risque, tout en préservant une mobilité qui est, pour eux, essentielle au maintien du lien social et de l’autonomie" explique Catherine Sarlandie de la Robertie.
Les mêmes causes à l'origine de drames
Les pouvoirs publics souhaitent également continuer de lutter contre les principales causes de l’accidentalité sur les routes, "car elles sont tristement identiques d’une année à l’autre. Ainsi, nous déplorons encore trop de morts dus à la vitesse et à l’alcool, tous deux responsables de 51 % des accidents mortels cette année." L'accent sera également mis sur la lutte contre l’usage des distracteurs au volant, c’est-à-dire principalement les téléphones portables, qui sont, encore trop souvent, responsables d’accidents graves.
Sont annoncées des campagnes de sensibilisation aux équipements obligatoires et indispensables pour la bonne sécurité des conducteurs, notamment pour les conducteurs de deux-roues motorisés, car ces derniers représentent, en 2020, 19 % des morts sur la route.
Huit nouveaux radars tourelles déployés en 2021
Pourtant, comme l'a souligné la préfete de l'Ain, la progression de l’activité des gendarmes et policiers est inquiétante : en 2020, ce sont 2929 mesures de suspensions de permis qui ont été prises dans l’Ain, soit une augmentation de 55 % sur les trois dernières années. "Soyons clairs sur le sujet : notre but n’est pas de faire du chiffre, mais bien de sauver des vies en empêchant les automobilistes les plus dangereux de continuer à circuler." précise-t-elle.
Une répression qui passera par le dispositif des radars automatiques, en cours de remplacement. En effet, l’année 2019 avait été marquée par la destruction presque intégrale du parc de radars que compte le département ; seuls deux sur 27 demeuraient en fonctionnement. Leur remplacement devait se réaliser au cours de l’année 2020. Les périodes de confinement ont retardé ces opérations mais, déjà, 17 radars tourelles étaient installés début 2021, ce qui portait à 19 le nombre de radars opérationnels en début d’année. "En 2021, nous déploierons 8 autres radars tourelles".
Les contrôles de vitesse seront également renforcés par un prestataire privé : "L’année 2021 verra aussi le déploiement de véhicules-radar, conduits par un opérateur privé, qui seront déployés à priori au second semestre sur des itinéraires définis et concertés. Ces itinéraires seront publics, car le but n’est pas de prendre les gens en traître" souligne la préfecture.