C'est un Noël avant l'heure, sans religion ni tradition. A Oyonnax (Ain), samedi 15 décembre, la soirée "de Partage et de Fraternité" a réuni près de 500 personnes. Des convives de toutes communautés, de toutes origines, qui conjuguent le "vivre ensemble" au pluriel.
Chacun est venu avec un plat préparé à la maison. C'est ainsi qu'à table toutes les cuisines du monde ont droit de cité, comme autant de communautés. Des mets à partager, c'est même le but de la soirée! "Je te donne des briques tunisiennes, tu me donnes des sigaras böreği, il te passe une pizza..." Le va-et-vient est incessant dans la salle. Une séance d'échanges culinaires étonnante, au cours de laquelle les habitants discutent, apprennent à se connaître.
"On se croise souvent dans les quartiers, mais c'est le seul moment où l'on se voit vraiment. La diversité, la mixité, c'est l'atout d'Oyonnax", explique le jeune Sifedine Brahimi.
"C'est vraiment chouette, on ne sait plus où donner de la tête, on a à manger partout", lance une convive dans un éclat de rire.
Cette idée de partage, de rencontre entre communautés est menée à bien par "Grandir Ensemble" avec 22 autres associations. La mairie prend en charge la location de la salle (Valexpo). Fatma Ayache est la pierre angulaire de ce moment. La prof de math, d'origine tunisienne, milite pour cette découverte de l'autre. "Ici on mange ensemble, halal ou pas, on mange du porc ou pas, on boit du vin ou au contraire on ne boit pas, on se parle, on donne son avis, on explique ses croyances, ses traditions... mais on se respecte", c'est le secret d'une soirée très réussie, et peut-être d'une société réussie.
Dans l'année, un autre rendez-vous réunit toutes les communautés à Oyonnax, au moment du Ramadan. "Même si c'est à l'occasion d'une fête religieuse, on ne parle pas de religion, on se retrouve, et c'est un beau symbole", justifie une habituée.
Reportage Franck Grassaud et Didier Bert