Près de 40 futurs commissaires et officiers de police ont passé la journée du mardi 26 juin au musée-mémorial des enfants juifs d'Izieu, dans l'Ain, dans le cadre d'une nouvelle convention passée avec le ministère de l'Intérieur.
Quinze élèves de l'École nationale supérieure de la police (ENSP) située à Saint-Cyr-au-Mont-d'Or, près de Lyon, et 22 élèves de l'Ecole nationale supérieure des officiers de police de Cannes-Écluse (Seine-et-Marne) ont visité la maison où furent raflés 44 enfants juifs et 7 adultes, le 6 avril 1944, sur ordre de la Gestapo de Klaus Barbie.
Après une conférence sur l'histoire de la Résistance dans la police, ils ont participé à deux ateliers sur la reconnaissance des identités et la faculté de désobéir à un ordre "illégal".
"C'est un moment fort de leur scolarité qui s'inscrit dans l'enseignement d'histoire de l'institution, en lien avec leur pratique professionnelle, leur déontologie, leur réflexion sur l'autorité qu'ils sont appelés à exercer. Symboliquement, cette journée a lieu quelques jours avant leur prise de fonction", explique Luc Presson, directeur de l'ENSP dont la cérémonie de sortie de la 68e promotion a lieu vendredi.
Cette journée d'étude constitue la première traduction d'une convention passée entre l'ENSP, le ministère de l'Intérieur et le musée-mémorial d'Izieu. Signée le 11 avril, elle prévoit une journée annuelle à Izieu pour la nouvelle promotion d'élèves commissaires, sur la base du volontariat.
"Tout au long de l'année, nous enseignons la déontologie, en théorie et en pratique. Cette journée permet d'approfondir le sujet et de l'ancrer dans l'Histoire", considère le commissaire Sébastien Vacher, responsable de l'enseignement sur "la police administrative et la fonction publique policière".
"Il est très important que le musée joue un rôle actif auprès de professionnels, en particulier pour ceux qui occupent des fonctions régaliennes", souligne Hélène Waysbord, présidente d'honneur du musée-mémorial.
Très présent auprès des publics scolaires avec plus de 13.000 visites d'élèves par an, le site s'ouvre progressivement aux professionnels. "On s'adresse à tous les acteurs du pacte républicain", explique l'historien Pierre Monnet, son secrétaire général.
"C'est une visite bouleversante. Le lieu nous oblige à revenir sur nos pages les plus sombres mais il permet aussi de réfléchir au sens de notre action, nous qui allons recevoir et donner des ordres", confie une future commissaire, qui regrette que 15 élèves seulement, sur les 40 de la promotion, aient participé à la journée.