Alors que les associations caritatives ne cessent de voir leur nombre de bénéficiaires progresser, la Banque alimentaire de l'Ain a dû demander une aide d'urgence au Département. En retour, les élus n'ont pas versé de subvention, mais ont acheté des produits locaux aux agriculteurs.
C'est une sorte de circuit court de la solidarité. Le Département de l'Ain et la Chambre d'Agriculture ont décidé, mercredi 17 juin, de fournir à la Banque alimentaire des denrées produites localement.
Au total, 15.000 litres de lait d'Etrez, 2.700 kg de "viande des Pays de l'Ain" et 200 kg de rillette de carpe de la Dombes devraient être distribués par les associations aindinoises qui fournissent une aide alimentaire aux habitants les plus précaires (comme les Restos du Cœur, la Croix-rouge, Tremplin…).
Derrière cette décision, un double objectif : venir en aide aux personnes démunies, toujours plus nombreuses depuis la crise sanitaire, tout en soutenant l'activité des agriculteurs, qui ne vendent toujours pas leurs produits au bon prix… surtout depuis le confinement.
Une aide de 50.000 euros
"On se rend compte que c'est un partenariat gagnant-gagnant, puisque l'Action sociale permet de valoriser les produits agricoles, commente Jean Deguerry, président LR du Département. Deuxièmement, cela permet d'assurer aux agriculteurs de faire du chiffre d’affaires. Ils en ont bien besoin aujourd’hui".
Plutôt que de donner une subvention d'urgence, le Département met ainsi en place un cercle vertueux. Il achète aux agriculteurs du coin et donne aux associations caritatives. Coût de l'opération : 50.000 euros.
L'alliance du social et du local
Ce coup de pouce est bienvenu pour Didier Dussart, vice-président de la Banque alimentaire. "Le nombre de nos bénéficiaires a beaucoup augmenté, observe-t-il. On est passés de 7.000 à 8.800 bénéficiaires par mois. Donc automatiquement, on est obligés de fournir plus et d'avoir plus de marchandises."
Du côté des agriculteurs, il était temps, aussi, de trouver une solution. Si la consommation de viande a progressé pendant le confinement, la rémunération des agriculteurs, elle, n'a pas bougé. Grâce à ce mécanisme, les éleveurs peuvent vendre leur bétail sous le label "Viande des Pays de l’Ain" qui rémunère 1 euro de plus le kilo. Une aubaine pour Yves Josserand, exploitant agricole à Foissiat : "Si tous les éleveurs de viande peuvent avoir quelques bêtes qui partent dans ce circuit-là, ce sera du bonus pour tout le monde."
Reportage