Le chène est un bois qui a le vent en poupe. Mais depuis quelques années, les scieurs français ont de plus en plus de mal à s'approvisionner. La tension est due à l'achat massif de grumes de chène par la Chine ou les Etats-unis. Exemple dans l'Ain.
La scierie LBSA, basée à Viriat, dans l'Ain, est l'une des plus importantes de France. Elle emploie 80 salariés, revendique 50 ans d'existence et une spécialité : le chêne qui sert à fabriquer principalement du parquet. Leurs grumes sont achetées majoritairement de le quart nord-est de la France.
Une concurrence rude sur le marché
Des grumes de chênes françaises, de moins en moins accessibles pour les scieurs. Sur le marché, la tension est forte car la Chine et les Etats-Unis achètent en grandes quantités le bois brut, quitte à faire grimper les prix. "Nous sommes entre le marteau et l'enclume. Avec, d'un côté l'obligation pour acheter d'acquérir le volume dont on a besoin pour faire travailler nos unités de sciage, et, de l'autre côté, pas forcément la possibilité d'augmenter les prix chez nos clients", déplore Patrice Janody, scieur chez LBSA.
Ces entreprises rencontrent difficultés d'approvisionnement... alors que le carnet de commande est plein. Et pourtant, la France est le premier producteur mondial de chênes.
Dans les forêts publiques, c'est l'office national des forêts (ONF) qui gère les stocks et assure leur renouvellement. La forêt domaniale est une manne pour les scieurs locaux. Des ventes leur sont réservées. "Lors de ces ventes par appel d'offre, l'ONF donne la priorité d'achat aux entreprises qui s'engagent à transformer le bois en France et dans l'Union européenne." rappelle Jonathan Dion, de l'office national des forêts de l'Ain.
Le bois privé part à l'extérieur de l'Europe
Seul problème : 75% du bois de chêne provient de forêts privées. Leurs propriétaires n'ont aucune obligation à privilégier les filières locales ou nationales. C'est comme cela qu'un quart de la production française part... à l'export. "Ca fait plusieurs années que l'on alerte les pouvoirs publics. Que ce soit les conseillers départementaux, régionaux, ou même notre sénateur. Il faut absolument que des décisions soient prises au niveau du gouvernement. Il faudrait pouvoir réguler ce phénomène" commente Philippe Poncin, président de la filière professionnelle "Fibois" de l'Ain.
Sans mesure de protection, la tension sur les grumes de chêne pourrait encore s'accentuer dans les mois qui viennent.
Reportage