Le 28 septembre, les Abattoirs d'Hotonnes (Ain) étaient détruits par un incendie volontaire. Pour la première fois en France, les faits étaient revendiqués par des antispécistes. 3 mois et demi plus tard, une partie de l'activité a repris dans les Etablissements Gesler.
Ce mercredi 16 janvier, une vingtaine de bêtes ont été abattues. Le symbole d'une entreprise qui renaît dans son berceau historique. Myriam Gesler a le sourire. La directrice générale est contente de retrouver une grande partie de ses salariés sur le site familial. L'activité reprend mais "en mode dégradé". Le secteur de l'abattage a été réhabilité, la chaîne du froid aussi, mais l'atelier de découpe a pris place dans un frigo. Quant à la partie salaisons, elle n'est pas prête de regagner les lieux.
Reportage Franck Grassaud et Valérie Benais
Les bâtiments en activité sont comme enveloppés par la structure endommagée. Montrant une cloison, Mme Gesler explique: "c'est la limite temporaire de l'entreprise, derrière il y a encore beacoup de travail". Effectivement, de l'autre côté, une équipe de nettoyage s'affaire pour décaper et faire disparaître la suie.
En 3 mois, c'est un travail phénoménal qui a été mené, seuls quelques murs gardent les stigmates des flammes.
"Pour nous, c'est quand même Noël après l'heure!", lance la directrice. Elle s'inquiétait pour ses employés qui se levaient très tôt depuis le début de la crise. Ils étaient déployés vers d'autres abattoirs de la région, à Corbas près de Lyon ou Bonneville (Haute-Savoie), en moyenne 1h30 de route au petit matin. "Ils ont tenu bon et je ne les remercierai jamais assez."
80 familles dépendent de cette entreprise dans ce coin du Bugey.
Marc Gesler, le fondateur, 82 ans, a aussi changé de visage. L'émotion est passée, il parle désormais d'avenir. "N'oublions pas que c'est toute une vie, c'est toute ma vie qui est partie en fumée. Voir tout ça redémarrer, c'est exceptionnel", détaille le doyen.
A l'abattage ce matin-là, l'imposant Eric est aussi ravi de reprendre le boulot à Hotonnes. "J'ai eu de la haine et ensuite de la pitié pour ces gens qui ont détruit notre outil de travail (...) Ont-il pensé un seule minute qu'il y a des familles derrière?"
Au lendemain de l'incendie criminel, Myriam Gesler avait adressé une lettre au ministre de l'Agriculture dans laquelle elle s'exclamait: "Osons le mot, il s'agit d'un acte terroriste! D'un terrorisme alimentaire!"