Un ambulancier, autrefois basé dans l'Ain, a été condamné à 4 ans d'emprisonnement dont 2 ans avec sursis, ce mercredi 14 mars. Il repérait certaines de ses victimes dans le cadre de son travail et les harcelait ensuite sur Facebook, en se faisant passer pour une jeune fille.
L'ambulancier vient d'avoir 35 ans, Emmanuel Piquet-Pellorce vit aujourd'hui en Haute-Savoie. Mais les faits reprochés concernent le département de l'Ain où il était entre 2009 et 2013, notamment du côté de Châtillon-sur-Chalaronne. Là, il a d'abord utilisé sa profession pour entrer en contact avec des enfants. Deux garçons de 8 et 10 ans à l'époque, qu'il transportait régulièrement, ont décrit des jeux sexuels comme "le jeu de la main de la mort" qui se terminait par un attouchement.
A ces actes reconnus comme agressions sexuelles, viennent s'ajouter des faits de corruption de mineurs via un réseau social.
De faux profils Facebook
Ce sont d'anciens collègues, notamment des ambulancières, qui ont donné l'alerte après les déclarations des enfants. Les gendarmes ont alors perquisitionné le domicile du suspect, mis la main sur son matériel informatique, et ont découvert 79 photos et vidéos de garçons dénudés, souvent en train de se masturber.
Pour récupérer ces clichés, l'ambulancier avait mis au point un stratagème. Il avait crée 2 faux profils Facebook féminins: Sandra Polanski et Sophie Bocareli. Il ciblait ensuite des adolescents, notamment repérés lors de transports sanitaires. En utilisant les faux profils, il entrait en contact avec ces garçons, envoyait des clichés affriolants, et demandait en retour des photos dénudés ou dans des postures suggestives.
15 jeunes se sont portés partie civile, mais à cette liste de victimes on peut ajouter 33 autres adolescents qui n'ont pas décidé de poursuivre.
Cette affaire dévoilée a totalement déstabilisé certains jeunes qui, honteux pour la plupart, ont développé un stress important. Il a ceux qui ont dû faire une parenthèse dans leurs études, ceux que l'on devine psychologiquement très affectés dans la salle du tribunal.
Au fil de l'audience, le prévenu a présenté des excuses, se disant "misérable", et expliquant faire désormais un travail sur lui pour se sortir de cette addiction. D'emblée, il a reconnu tous les faits. Mais à chaque fois que le mot "pédophile" était prononcé, Emmanuel Piquet-Pellorce semblait nier de la tête. Pour sa défense, il évoquait "ce monde de l'enfance qu'il n'a jamais quitté".
Le procureur insistait, lui, sur le caractère pédophile de ces actes, demandant 6 ans d'emprisonnement dont 40 mois avec sursis. L'avocat du prévenu a, lui, demandé la relaxe avec obligation de soins. Au final, le tribunal correctionnel l'a condamné à 4 ans d'emprisonnement dont 2 ans avec sursis, 5 ans d'injonction de soins, avec interdiction de travailler dans un milieu où des enfants évoluent. Il sera également inscrit sur le fichier des délinquants sexuels. L'homme a déjà purgé 9 mois de préventive.
Le compte-rendu d'audience de Franck Grassaud et Aude Henry