C'est un haut lieu du muguet dans l'Ain, les bois de Chalamont font toujours le plein de clochettes. A tel point que le village organise une fête dédiée à la fleur depuis près de 70 ans. Pas de festivités en ce 1er mai 2021, covid oblige, mais la cueillette traditionnelle a été maintenue.
"Il paraît qu'il faut 7 clochettes pour qu'il porte bonheur. Je dis ça, et en même temps j'ai entendu 13 à la radio ce matin. 13 c'est beaucoup quand même ! De toute façon, le muguet de Chalamont apporte forcément le bonheur !", lance Roselyne Flacher, un sourire en coin. L'optimisme de la vice-présidente du Comité des fêtes local est pourtant mis à rude épreuve cette année. Il pleut des cordes en ce 1er mai. Tout le monde est trempé mais la cueillette se poursuit.
Dans les bois de la Dombes, -pays des mille étangs-, le muguet a trouvé sa terre. L'humus favorise visiblement le développement de la plante vivace. De l'humidité, du soleil... le climat est aussi bénéfique. Cette année, les parterres verts et blancs sont "à point".
"C'était mal parti parce qu'il faisait bon et la croissance allait bon train. Puis il y a eu quelques gelées qui ont tout freiné. Du coup, la floraison est juste à l'heure", détaille Roselyne.
Un autre membre du Comité des fêtes, Pascal Perret, met en garde contre l'arrachage involontaire. "Je sais que la terre est tendre mais il faut juste prendre les brins, pas laisser venir la racine si on en veut encore pendant 70 ans."
Le muguet, la fleur emblématique de Chalamont
70 ans comme autant de fêtes du muguet qui ont ponctué la vie du village. Chaque 1er mai, les chars défilent, accompagnés de fanfares d'ici et d'ailleurs, et bien sûr on distribue les brins. Pour la deuxième année consécutive, la Covid a gâché les festivités.
"On a quand même décidé de ramasser pour distribuer les bouquets. On ne pouvait pas complètement s'assoir sur la tradition", explique un cueilleur.
Et la tradition passe par le cimetière. Le site est bien fleuri. Le muguet donne une touche printanière. Un petit vase garni en main, le président du Comité des fêtes avance dans les allées. Didier Cormorèche pose son bouquet sur une tombe. "Comme t'étais notre plus grand ramasseur de muguet, on est venus te rendre hommage", déclare-t-il. Il s'adresse à Hubert, mort durant le 1er confinement. Le muguet, c'était sa passion, comme en témoigne une plaque sur laquelle un brin est gravé. "Il en ramassait vraiment pour tout le monde. Il avait des coins qu'on ne connaît même pas."
A Chalamont, on cueille pour les autres, pour les anciens notamment. La distribution se fait d'abord à la résidence sénior, baptisée "Les Muguets", évidemment.
"Ah oui, il sent bon, lance Janine, quand j'étais plus jeune j'adorais en ramasser moi aussi."
A l'Ehpad voisin, ce 1er mai est un fête. Deux musiciens sont là pour marquer le coup. Au rythme de "Mon amant de Saint-Jean", de petits bouquets sont offerts aux pensionnaires.
En langage des fleurs, le muguet célèbre le retour du bonheur. Dans un établissement durement touché par la Covid, on veut y croire.