Coronavirus & Economie : les hôteliers-restaurateurs de l'Ain mobilisés pour faire réagir les assureurs

Ils font vivre la réputation gastronomique de l'Ain. Les hôteliers et restaurateurs de ce département dénoncent le désengagement des assureurs. Les compagnies sont sous le feu des critiques, car les contrats ne couvrent pas la perte d'exploitation engendrée par la crise du coronavirus.
 

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"C'est trop facile de la part des assureurs de botter en touche", lance Jean-Pierre Vullin, le président de l'Umih dans l'Ain, la principale organisation du secteur de l'hôtellerie-restauration en France. "Il pourrait au moins prendre en charge la marchandise que nous avions achetée juste avant ce confinement brutal. Nos chambres froides étaient remplies pour le week-end. Il y en a parfois pour des milliers d'euros de perte", peste celui qui est aussi à la tête de la fameuse Auberge Bressane, face au Monastère royal de Brou.   
 

"Nos chefs d'entreprises cotisent chaque mois auprès de leur assurance pour pouvoir être soutenus en cas de coup dur. Nous nous estimons lâchés par les assureurs."
 

Et le représentant de l'Umih d'ajouter : "le pire c'est qu'un contrat d'assurance intégre souvent la garantie perte d'exploitation mais les exclusions sont trop larges. 98% de nos entreprises se voient refuser toute prise en charge, même partielle, au titre de la crise actuelle."

L'idée serait d'obtenir le classement en catastrophe naturelle. Mais le dispositif est réservé aux coups durs limités dans le temps et dans un secteur géographique.

Reportage 
  

"Assurez ! ou on va tous y passer"

"Moi je venais de commander des coquilles Saint-Jacques, j'en avais pour 150 euros, que vouliez-vous que j'en fasse quand le confinement a été décrété...", détaille un autre chef, Benjamin Martinetti, co-gérant de l'Auberge lentaise, à quelques kilomètres de Bourg-en-Bresse. 

Benjamin s'est donc fait photographier avec un écriteau : "Assurez ! ou on va tous y passer" #chefenpéril
Des dizaines de restaurateurs du département, aux visages inquiets, posent ainsi, et s'affichent sur la page d'un réseau social.
 
La critique n'est pas nouvelle à l'encontre d'un secteur accusé de ne pas jouer son rôle, alors que des entreprises sont confrontées à des pertes nettes de chiffres d'affaires. Dès le 18 mars, au lendemain du début du confinement, l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) avait ainsi reproché aux assurances d'être "les grandes absentes du grand mouvement de solidarité en place pour les entreprises et les emplois menacés".

"Les assurances doivent aller plus loin", reconnaissait récemment Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État à l'Économie, devant les sénateurs.
  

Les assureurs sous le feu des critiques

Les assureurs ont notamment répondu à ces critiques en rappelant s'être engagés à verser 200 millions d'euros au Fonds national de solidarité en faveur des très petites entreprises et indépendants. Au total, le secteur fournit "un effort considérable" de soutien à l'économie de plus de trois milliards d'euros, s'est défendu Jean-Laurent Granier, vice-président de la Fédération française de l'assurance (FFA) et PDG de Generali France.

Ce montant de 3 milliards tient compte de la prise en charge des arrêts de travail, des remboursements de santé et du maintien des garanties d'assurance, "même en l'absence de primes, pour que les entreprises puissent continuer à fonctionner", a-il expliqué. Les compagnies propriétaires de parcs immobiliers, ont également reporté les loyers du deuxième trimestre "pour les petites et moyennes entreprises clientes".

Si les assureurs devaient couvrir l'ensemble des pertes d'exploitation des entreprises affectées par la crise du coronavirus, évaluées à quelque 50 milliards d'euros, "il n'y aurait plus d'assureurs dommages", signale M. Granier.
 

Catastrophe sanitaire

Ce lundi 6 avril, le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, s'est dit favorable à la mise en place d'un mécanisme d'assurance contre les catastrophes sanitaires. L'Umih avait défendu "une reconnaissance juridique pleine et entière de l'état de catastrophe sanitaire dans les futurs contrats d'assurance".

Mais en attendant cette piste d'avenir, l'organisation demande "un dispositif exceptionnel d'indemnisation permettant de subvenir en urgence, au moins partiellement, aux graves pertes d'exploitation".

Mardi, à l'issue d'un comité de filière tourisme au quai d'Orsay, le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Jean-Baptiste Lemoyne a confirmé "une attente forte des entreprises touristiques pour que des assureurs puissent déployer un certain nombre d'autres actions auprès de leurs assurés".
 
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