En redressement judiciaire depuis le 17 septembre, la coopérative Coop Breizh profite du salon du livre à Carhaix dans le Finistère pour lancer un appel aux dons. Il y a urgence pour éponger les dettes du fer de lance de l'édition bretonne qui va aussi devoir se restructurer en profondeur.
C’est peut-être un nouveau chapitre qui s’écrit ce week-end pour Coop Breizh. L’entreprise coopérative basée à Spézet dans le Finistère et en redressement judiciaire depuis le 17 septembre 2024, profite du salon du livre pour lancer un appel aux dons.
"L'entreprise est en redressement, explique Daniel Le Teuff, administrateur bénévole de Coop Breizh. Cela veut dire qu'elle dispose de temps pour se restructurer et mettre en place les plans de remboursement de son passif. Ça ira d'autant plus vite si des témoignages de soutien sonnants et trébuchants parviennent à l'entreprise. Si nous arrivions à récolter entre 300 000 et 400 000 €, ça solutionnerait un maximum de problèmes dans les semaines à venir."
Aujourd'hui, la situation de redressement judiciaire [ de Coop Breizh] ne permet pas toutes les aides.
Guillaume RobicConseiller régional et président de Livre et lecture en Bretagne
Cet appel aux dons s’est doublé d’un appel du pied à la région Bretagne pour une aide exceptionnelle.
"La région est venue plusieurs fois dans l'histoire de Coop Breizh apporter des subventions exceptionnelles, rappelle Guillaume Robic, conseiller régional et président de Livre et lecture en Bretagne. Aujourd'hui, la situation de redressement judiciaire ne permet pas toutes les aides. Donc aujourd'hui, il faut regarder les capacités d'action avant d'annoncer des choses qu'on ne serait pas en capacité de tenir."
93 000 € de pertes en 2023
Depuis plusieurs années, l’entreprise, fait face à des résultats "catastrophiques" avait expliqué l’un de ses responsables à France Bleu Breizh Izel. Avec une baisse des ventes "de l’ordre de 15 à 20 %" dans ses quelque 2000 points de vente partenaires, "soit des pertes de dizaines de milliers d'euros sur trois mois."
Nous, ça nous empêche de rémunérer nos auteurs, nos illustrateurs, les imprimeurs qui nous ont fait confiance.
Jean-Marie GoaterPorte-parole de l’AMEB, l’association des Maisons d’édition de Bretagne
Au total, Coop Breizh a enregistré 93 000 € de pertes l’an dernier et jusqu'à 200 000 euros en 2020. Ses difficultés se répercutent sur toute la filière du livre : l’entreprise qui fait à la fois de l’édition et de la diffusion, n’a pas payé la soixantaine de maisons d’édition dont elle a distribué les ouvrages entre mai et septembre.
Une dette gelée de plusieurs centaines de milliers d’euros.
"Ce sont des difficultés en cascade. Nous, ça nous empêche de rémunérer nos auteurs, nos illustrateurs, les imprimeurs qui nous ont fait confiance, témoigne Jean-Marie Goater, porte-parole de l’AMEB, l’association des Maisons d’édition de Bretagne. Ça a aussi une incidence sur le nombre de livres qu'on va publier l'année prochaine parce que le fait qu'on a du mal à être payé fait qu'on n'a plus d'argent, donc on ne peut plus relancer autant d'investissements sur de nouvelles publications."
Une réduction des effectifs de 26 à 17 salariés
Depuis septembre, Coop Breizh règle à nouveau ses factures. L’entreprise qui a réduit ses effectifs ces dernières années de 26 à 17 salariés se restructure pour continuer.
"Le moral, il est bon parce qu'on a un savoir-faire qu'on sait unique et on a une histoire aussi, assure Yann Artur, directeur commercial de Coop Breizh. C'est la première fois que l'entreprise met un genou à terre. Mais on a des atouts à faire valoir et on va sortir de cette mauvaise passe."
Pas question donc de mettre un point final à cette histoire qui dure depuis 1957. Dans les allées du salon, on entend une seule chose : Pour Noël, Choisissez des livres édités en Bretagne !
(Avec Claire Louet)