Après l'effondrement du groupe de grande distribution, la Bretagne fait partie des régions les plus touchées par les fermetures de supermarchés Casino. Quatre baissent le rideau cette semaine. Plus de 200 salariés vont se retrouver sur le carreau. Sans compter les 170 de la plate-forme logistique de Gaël en Ille-et-Vilaine.
Deux vagues de fermeture en une semaine. Ces 30 septembre et 5 octobre 2024, une vingtaine d'hypermarchés et de supermarchés Casino baissent le rideau en France, et la Bretagne est l'une des régions les plus touchées.
Pas de repreneurs
Dans la liste des derniers magasins que l'enseigne cherchait encore à vendre, quatre seulement ont trouvé des repreneurs, selon nos confrères de France Bleu, Echirolles en Isère, Passage d'Agen dans le Lot-et-Garonne, Venissy dans le Rhône et Nantes en Loire-Atlantique.
Pour les autres, les tractations ont échoué, du moins jusqu'ici. Et 19 casinos vont donc fermer boutique dont quatre dans la région Bretagne, à Malestroit, Saint-Brieuc, Lannion et Brest.
Si à Malestroit dans le Morbihan, le site de 2500 m² qui emploie 19 salariés ne baissera le rideau que le 5 octobre, à Brest, Lannion et Saint-Brieuc, cette fin septembre marque la fin d'une histoire commencée au tournant des années 70 sous les enseignes Rallye ou Mammouth.
"Un immense gâchis, et les salariés paient la note"
À Saint-Brieuc, où le Géant Casino des Villages employait une soixantaine de salariés, les clients ont trouvé portes closes dès hier. À Lannion et Brest, où travaillent respectivement une cinquantaine et une centaine de salariés, les magasins vont fermer leurs portes ce lundi. S’il peut encore subsister de minces espoirs de reprise, les syndicats restent sceptiques.
"La direction nous dit être toujours en négociation avec un repreneur, qui s’était manifesté en juin, mais pour l’instant, aucune offre n’a été formulée", explique Magali Charnacé, de l’UNSA, qui travaille depuis 33 ans sur le site de 7 000 m².
"Les salariés sont tristes, ou en colère, cela dépend des caractères de chacun. Mais tous ont le sentiment d’un gâchis, d’avoir été laissés tombés. La politique n’était pas la bonne, les prix ont augmenté et les gens nous ont fuis. Il n’y a pas eu d’investissements sur les sites alors qu’ils ont besoin d’un sérieux rajeunissement, avec des frigos qui tombent souvent en panne. Et aujourd’hui, ce sont les salariés qui paient la note".
Dans la galerie commerciale de l'hypermarché brestois, Martial, l'un des derniers clients confirme :
"Ils étaient devenus plus chers que la concurrence. On ne venait plus ici que pour des courses de dépannage. La maison mère Casino avait besoin d'argent, elle a augmenté les tarifs, et les consommateurs sont allés voir ailleurs."
200 salariés sur le carreau en Bretagne
Fortement endetté (6 milliards d'euros pour 2023), le groupe stéphanois Casino avait été repris en mars dernier par l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky, avec à la clé la vente de quelque 300 magasins, cédés pour la plupart à Intermarché, Auchan et Carrefour. Mais tous les sites n’ont pas trouvé preneurs.
"Ces fermetures devraient laisser sur le carreau un millier de salariés en France, un peu plus de 200 en Bretagne", précise l'UNSA, qui indique que les personnels "vont être mis en dispense d’activité, rémunérée, jusqu’à réception des lettres de licenciement, sans doute courant novembre."
La grande distribution dans la tourmente
Le groupe Casino n’est pas le seul à traverser une tempête. L’inflation sur les produits de grande consommation a augmenté de 21 % et cela a profondément modifié les habitudes de consommation.
Les clients fréquentent mois les hypermarchés et les rayons non alimentaires. Ils se tournent davantage vers le discount et les supérettes de proximité qui leur évite de prendre la voiture et de bruler de l’essence. Conséquences : les volumes des produits de grande distribution ont reculé de 4% sur le 1er semestre 2023, engendrant la chute des chiffres d’affaires des grandes enseignes. Ainsi, Carrefour a vu son chiffre d'affaires baisser de 2 %. Le groupe Auchan Retail a, de son côté, vu ses ventes reculer de 4 % sur 2023
Seules enseignes à tirer leur épingle du jeu : les indépendants tels que Leclerc, système U ou Intermarché.
Fermeture aussi de la plate-forme logistique de Gaël
Mais à ces fermetures de magasins s’ajoutent aussi celles de quatre entrepôts en France, dont celui de Gaël en Ille-et-Vilaine. 750 emplois sont concernés sur l’hexagone, 170 sur le site breton.
"Le PSE a été validé. Là aussi, les lettres de licenciements devraient arriver en novembre", indique Valérie Robert, déléguée FO de la plate-forme Easydis.