C'est un ouvrage que l'on croise sur les autoroutes, mais assez peu sur les routes départementales. Un écopont est en cours de construction sur la 2x2 voies du Pays de Gex, en direction de Genève. Il s'agit de faire passer les animaux sauvages qui ont bien du mal avec les infrastructures humaines.
Depuis 2005, et l'ouverture globale de la 2x2 voies entre Collonges et Saint-Genis-Pouilly, le flux de véhicules n'a cessé de progresser. 20.000 automobilistes par jour empruntent cette portion de la RD884, principalement les travailleurs frontaliers en provenance du bassin de Bellegarde-sur-Valserine.
Les collisions ont aussi bondi. Principales victimes: des sangliers, des chevreuils, des cerfs... et des voitures qui affichent des dégâts impressionnants. Rien que sur les mois d'octobre et novembre 2017, l'Agence routière locale a récupéré 18 animaux morts en une dizaine d'accidents. "Une automobiliste a été terriblement choquée après avoir percuté une laie et ses 5 marcassins", raconte un agent du Département, "heureusement, on n'a jamais eu à intervenir après le décès d'un automobiliste."
Reportage Franck Grassaud et Eloïsa Patricio
Un couloir naturel
Il faut dire que cette route croise un couloir naturel. Laurent Gigout, le directeur de la Fédération des chasseurs de l'Ain explique que "les bêtes tournent autour de la haute chaîne du Jura". C'est ainsi depuis toujours, même s'il faut transiter par la 2x2 voies, même s'il faut traverser la frontière entre France et Suisse, même s'il faut passer du département de l'Ain à celui du Jura.
"La route pose aussi un vraiment problème au niveau du brassage génétique", alerte le "patron" des chasseurs" qui prône une gestion scientifique du gibier. "Si les animaux ne tentent plus la traversée et ne passent plus d'un espace à l'autre, ce brassage n'existe plus."
D'où le projet d'un écopont pour sauver la faune par "pont aérien". C'est la commune de Péron qui a été retenue pour accueillir l'ouvrage. Le Département a tenu compte de l'accidentologie dans le secteur, mais aussi de l'éloignement des cultures et des maisons. Une petite forêt à hauteur de l'emplacement doit indiquer le chemin. "On va installer des grillages pour guider les animaux et créer un entonnoir."
Les nuits du 4 au 5 décembre et du 5 au 6, la circulation a donc été stoppée, un sens après l'autre, pour permettre aux ouvriers de poser les plaques en béton de 7,5t chacune et créer ainsi le corridor qui fera 20m de large. Il sera ensuite habillé de végétaux, de terre et de pierres pour faciliter le passage de tous les animaux, du cerf au lézard.
Coût total des travaux: plus de 2 millions d'euros réglés par les fonds européens, la Région Auvergne Rhône-Alpes et bien sûr le Département de l'Ain.