Jade et Sauvons les Yvelines, deux associations écologistes, ont porté plainte contre l’ONF en dénonçant des travaux dans le domaine des Beynes autour d’une mare, qui menaceraient des espèces protégées. L’établissement chargé de la gestion des forêts publiques met en avant de "nombreux contrôles" pour "limiter l’impact de l’exploitation sur l'environnement".
Les associations pointent du doigt des "coupes abusives d’arbres" sur une parcelle de la forêt domaniale de Beynes, dans les Yvelines. Une plainte, déposée le 30 décembre dernier par Jade et Sauvons les Yvelines, vise l’Office national des forêts (ONF) et Zunino - une entreprise de travaux publics - notamment pour "destruction volontaire de zones humides clairement identifiées" et "destruction volontaire et irrémédiable des habitats protégés d'amphibiens et d'autres espèces arboricoles protégées".
La parcelle en question abrite une mare, autour de laquelle se dressent des arbres, dont certains ont été abattus au cours de travaux qui ont débuté mi-décembre. "Ça menace les habitats d’espèces protégées, explique Jean-François Bron, membre de l’association Sauvons les Yvelines. On dénonce le non-respect du Code de l’environnement, qui interdit de lancer des travaux sans une dérogation concernant les espèces protégées. Il s’agit d’une zone humide, dans laquelle des espèces protégées par la loi ont été inventoriées : des amphibiens et des chauves-souris."
"Plusieurs espèces de chauves-souris ont été identifiées formellement autour de la mare. Pendant un abattage à proximité immédiate d’une zone humide, on fait tomber beaucoup de bois, qui va se retrouver dans l’habitat des amphibiens. Et les arbres sont des habitats utilisables par les chauves-souris", poursuit-il.
"Les espèces sont protégées car elles sont en déclin. La destruction des habitats, c’est l’une des premières causes du déclin de la biodiversité. Pour qu’une dérogation soit justifiée, il faut faire un inventaire complet des espèces concernées. On ne demande pas l’arrêt des coupes en forêt, mais il faut respecter les espèces protégées quand on exploite le bois. L’ONF pourrait laisser libre cette zone humide, mais ils ne prennent pas en compte nos demandes et les services de l’Etat laissent faire", affirme Jean-François Bron.
De "nombreux contrôles" selon l’ONF
L’ONF, contacté, met en avant la mise en place de "nombreux contrôles" et d’un "cadrage" à proximité de la mare pour "limiter l’impact de l’exploitation sur l'environnement" avec "une attention particulière pour adapter les travaux à la parcelle". "Il y a eu des prescriptions mises en œuvre, avec notamment un respect des distances réglementaires pour la circulation des engins. Les bûcherons travaillent arbre par arbre pour éviter l’emprise au sol et une trop forte modification de l’environnement", explique l’établissement.
L’ONF regrette par ailleurs des "dégradations" découvertes sur ses panneaux - avec notamment l’inscription "ONF pilleur des forêts" - et un "conflit d’usages" impliquant "une petite partie d’usagers". L’établissement rappelle également "les nombreuses raisons" pour lesquelles les exploitations sont menées : "Les forêts domaniales sont des domaines qui appartiennent à l’Etat. L’ONF, qui gère ses domaines, applique le régime forestier, un cadre qui cherche à assurer la gestion et la conservation de la forêt."
L’établissement cite l’importance d’"assurer des ressources locales et durables en bois", tout en assurant l’accueil du public en forêt avec "un aménagement qui permet à tout le monde de profiter du lieu mais aussi d’éviter un trop grand impact sur l’environnement". "Un bois qui n’est pas géré ne va pas forcément bien grandir. L’objectif est d’accompagner une croissance saine des arbres pour mieux valoriser le bois, avec un maintien des écosystèmes et une préservation de la biodiversité", indique l’ONF, qui dit avoir pour "vocation de pérenniser la forêt".
Du côté de Sauvons les Yvelines, Jean-François Bron espère l'ouverture d'une enquête pour que "pour la suite, le procureur puisse saisir la justice pour aller au tribunal". Les associations appellent à suspendre provisoirement les coupes, craignant un "impact irréversible sur la biodiversité". Une demande restée selon elles sans réponse à ce stade.