"Les chasseurs n'ont aucun respect" : un sanglier abattu sur la propriété de Morgan Keane, 4 ans après sa mort tragique d'un coup de fusil

Stupeur pour les amis et famille de Morgan Keane, tué par un chasseur en 2020 alors qu'il coupait du bois sur la propriété familiale. Le 29 décembre 2024, un coup de feu a été tiré et un sanglier abattu à moins de 50 mètres de la maison, sur le terrain pourtant désormais interdit à la chasse.

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Rowan, le frère de Morgan Keane, tué par un chasseur début décembre 2020, est sous le choc. Le 29 décembre 2024, alors qu'il est sur la terrasse de la maison familiale à Calvignac dans le Lot, il entend un coup de feu, puis découvre un sanglier abattu à une quarantaine de mètres de la porte d'entrée de sa maison. Le jeune homme affirme que c'est l'œuvre de chasseurs. Or, depuis la mort de Morgan, le terrain des Keane a été classé en refuge de l'Aspas, association pour la protection des animaux sauvages. La chasse y est interdite.

"Le coup de feu a été tiré sur la propriété"

Dégoût et colère. Voilà ce que ressentent les amis et proches de Morgan Keane qui, depuis sa mort, se sont organisés au sein du collectif Un jour, Un chasseur. "Quatre ans et apparemment rien n'a changé", peut-on lire sur la page Facebook du collectif : le 29 décembre 2024, Rowan a entendu un coup de feu et découvert un sanglier abattu par un chasseur sur la propriété familiale. "À moins de 100 mètres de là où a été abattu son frère, le 2 décembre 2020."

Ce jour-là, Rowan a alerté et appelé à l'aide un ami, Ralph, qui nous raconte la scène. "C'était en début d'après-midi, vers 14h, Rowan était sur une des terrasses de la maison, face à la rivière. Il entend du bruit. C'est un sanglier qui vient se réfugier dans la bambouseraie, suivi d'un chien de chasse qui remonte le même chemin", vers la maison des Keane. Le frère de Morgan passe alors sur une deuxième terrasse, il entend un homme parler au chien, puis un coup de feu.

Rowan prend peur et rentre chez lui. Quelques minutes plus tard, il ressort, découvre le cadavre d'un sanglier à quarante mètres de la porte de la maison. Il voit un groupe de battue, positionné le long de la route. "Ils étaient postés juste devant le panneau indiquant l'interdiction de chasse liée au classement du terrain en refuge Aspas, nous dit l'ami de Rowan. Le jeune frère de Morgan en est convaincu : "le coup de feu a été tiré sur la propriété."

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L'Aspas déposera plainte

"Les chasseurs reviennent régulièrement depuis trois ans dans le secteur. Nous, on a déjà fait des signalements auprès de la mairie. Ils viennent chasser aux abords, juste en face de la maison", nous affirme Mila du collectif Un jour, Un chasseur qui se bat depuis quatre ans pour sécuriser la chasse.

Or, après la mort de Morgan qu'un chasseur avait pris pour un sanglier, la famille Keane s'est protégée en classant la propriété en refuge de l'Aspas. C'est là une des rares solutions pour interdire la chasse sur un terrain privé. "Ce refuge se matérialise par la signature d’une convention entre le détenteur du droit de chasse et l’association pour la protection des animaux sauvages, et la pose de panneaux aux limites du terrain concerné. Avec la mise en place et le suivi de plus de 1400 refuges, l’Aspas participe à la protection de milliers d’hectares de nature, préservée des fusils, et répartis partout en France", peut-on lire sur le site internet de l'association.

Aujourd’hui, alors que le souvenir de la tragédie est encore très présent dans les esprits, force est de constater que les chasseurs n’ont aucun respect pour la famille de Morgan Keane et les victimes collatérales de leur macabre loisir.

Association pour la protection des animaux sauvages

L'association annonce qu'une fois l'enquête de gendarmerie terminée, elle déposera plainte. "S'il s'avère que c'est la même société de chasse qui est fautive, nous demanderons sa dissolution immédiate et irréversible", prévient l'Aspas.

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En janvier 2023, le chasseur à l'origine du tir mortel sur Morgan Keane et le directeur de battue avaient été condamnés au pénal. Le premier avait écopé de deux ans de prison de sursis et d'une interdiction de chasse à vie. Le second de 18 mois avec sursis et un retrait de son permis de chasse pendant cinq ans. Le 9 août 2024, le tribunal judiciaire de Cahors avait décidé d'accorder 69.210 euros (5% de la somme réclamée) au titre du préjudice subi par la famille de Morgan Keane.

Un droit de suite sur gibier blessé ?

Nous avons tenté d'obtenir des précisions sur cette affaire auprès de la municipalité de Calvignac. Pas de réponse au standard de la mairie. Un élu dit ne pas être au courant, mais avoir entendu qu'il s'agissait de récupérer un animal blessé. Un "droit de suite" qui permet aux chasseurs d'achever et de venir chercher un animal mortellement blessé ? Ce sont effectivement les explications données par le groupe de chasseur, selon le vice-président de la fédération du Lot.

"Ils ont blessé le sanglier. Il était touché à l'arrière-train et ne pouvait plus bouger, ils sont allés achever l'animal qui s'était réfugié sur la propriété de la famille Keane", nous indique Jean-François Cau, le vice-président de la fédération de chasse du Lot. 

"Achever un animal mortellement blessé ou aux abois ne constitue pas un acte de chasse", est effectivement inscrit dans l’article L.420-3 du Code de l’environnement. Mais pour exercer ce droit de suite, un chasseur doit solliciter l'autorisation du propriétaire du terrain, précise l'Office français de la biodiversité. Ce 29 décembre, les chasseurs ont commis l'erreur de ne pas s'assurer qu'il y avait quelqu'un dans la maison, reconnait Jean-François Cau. 

Une enquête de gendarmerie a été ouverte. Des auditions ont été menées, notamment celle du directeur de battue, nous confirme le responsable de la fédération de chasse du département. 

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