Inceste : un grand-père condamné à 12 ans de prison pour des viols dénoncés dans une "boîte papillons"

L'homme âgé de 73 ans jugé pour viols et agressions sexuelles par la cour criminelle de Bourg-en-Bresse, est reconnu coupable. Il est condamné à 12 ans de réclusion. L'une de ses victimes, sa petite-fille Lily, aujourd'hui âgée de 13 ans, l'avait dénoncé dans une boîte aux lettres de l'association "Les Papillons".

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La cour criminelle de Bourg-en-Bresse a donc condamné Jean-Michel F. à 12 ans de réclusion criminelle. L'avocate générale avait requis 15 ans d'emprisonnement à l'encontre de l'accusé. 

"La justice est avec nous, s'il n'y a pas appel d'ici là. Pour nous, c'est une bonne nouvelle, ce combat a payé, je peux être fier de ma fille.", a déclaré le père de Lily et fils de l'accusé, en sortant de l'audience ce lundi 23 septembre. 

La mère de Lily s'est aussi montrée satisfaite du verdict. "Au-delà de ça, ce qui a été le plus important, c'est d'entendre le président (de la cour criminelle) dire à ma fille qu'il l'a crue. C'était énorme. C'est la plus grosse récompense", a lancé Émilie dans un sanglot.

"Quand on nous a diffusé son audition, qu'on n'avait jamais vue, –elle avait 10 ans et demi à l'époque, c'était très clair, c'était posé, elle n'est jamais revenue sur ses paroles, on sentait qu'elle avait envie de se libérer." Dans une interview accordée à France 3 Rhône-Alpes, Lily avait aussi décrit, avec ses mots, ses agressions : "Il met sa partie du bas dans ma partie du bas, et j'essayais de m'enlever, mais je n'y arrivais pas". 

Viols et agressions sexuelles

Vendredi 20 septembre, Lily a effectivement décrit les actes subis avec "beaucoup de sang-froid", selon son avocate. L'adolescente a été "ultra-courageuse", a déclaré Me Stéphanie Garcia. Alors que le huis clos avait été ordonné pour ce procès, au grand dam des parties civiles et des victimes qui souhaitaient une publicité des débats.

Lily n'était pas la seule à accuser son grand-père. Deux autres cousines de l'adolescente, dont l'une est aujourd'hui majeure, étaient parties civiles dans cette affaire. Leur avocate a regretté que l'accusé ne reconnaisse les faits qu'à demi-mots.

"C'est un accusé qui est très fuyant. Il a des phrases générales, sans détailler ni personnifier les choses. Il répète à l'envi qu'il est indigne, mais au fond, il n'y a pas de réflexion profonde sur le ressenti de ses victimes. Il a peu de mots pour ses victimes. Il a beaucoup de mots sur sa situation, mais peu de mots sur ses victimes", a expliqué Me Séverine Debourg, avocate des cousines de Lily et de leurs parents, ce lundi 23 septembre. Cette dernière évoque comme "une barrière autour de certains faits".

Il y a toute une partie des faits qu'il ne reconnait pas. Il renvoie donc à ses victimes qu'elles sont des menteuses. C'est toujours douloureux pour une victime (...) Le combat d'une victime, c'est toujours d'être crue.

Me Séverine Debourg

avocate parties civiles

Le grand-père avait reconnu les attouchements sur sa petite-fille en garde à vue, mais nié l'avoir violée. L'accusé est "resté sur ses positions" devant la cour, a rapporté son avocate Me Audineau. 

L'enquête a révélé que les faits se produisaient au domicile des grands-parents lorsque la grand-mère était absente. Par ailleurs partie civile au procès, la grand-mère, aujourd'hui en instance de divorce, a toujours assuré n'avoir jamais rien su des agissements de son mari, qu'elle a qualifié de "monstre", selon son avocate Me Clémence Guérin.

La défense

Au fil du procès, l'avocate de l'accusé dit avoir remarqué une évolution dans la perception de son client.

“Il est resté sur la position qui est la sienne, nier les faits de viol (...) mais il y a une reconnaissance plus importante” des faits d'agressions sexuelles. “Certains faits n'étaient pas pleinement reconnus, ils le sont aujourd'hui”, assure Me Audineau. Une évolution rendue possible notamment par deux ans et demi de soins. "J'ai, face à moi, un client capable d'entendre, d'écouter et de vouloir avancer (...). J'ai quelqu'un en face de moi qui écoute et qui est en demande de comprendre, c'est ce qu'il a redit ce matin," assure l'avocate.

Sur la personnalité de son client, elle explique :  “C’est un être humain avec sa part d’ombre et de lumière comme tout un chacun. (...) Aujourd’hui, il y a des mécanismes de défense sur un plan psychique qui font qu’il ne peut peut-être pas avancer".

Il a commis des actes extrêmement graves. Il doit en répondre, mon travail d’avocat, c'est de donner des clés de compréhension pour qu’on ait une peine qui soit adaptée. Évidemment, elle ne satisfera jamais tout le monde", conclut l'avocate.

Une Maison "Papillons"

L'affaire a été particulièrement médiatisée en raison de l'outil utilisé par la fillette pour dénoncer ce que son grand-père lui faisait subir depuis deux ans. En juin 2022, elle a 10 ans lorsqu'une boîte aux lettres de l'association "Les Papillons", visant à libérer la parole des enfants victimes de violences, est installée dans son école primaire de Vonnas. poussée par une copine, elle y dépose un mot et très vite une enquête est ouverte. En quelques heures, son grand-père est arrêté et placé en garde à vue.

Ce procès est une grande victoire pour l'association qui recense désormais 350 boîtes aux lettres installées dans l'Hexagone. Hasard du calendrier, c'est ce lundi 23 septembre qu'ouvre "La Maison Papillons" à Saint-Estève, dans les Pyrénées-Orientales, un nouvel espace dédié à l'écoute des enfants victimes de maltraitances. Des psychologues y seront chargés de lire les courriers déposés dans les boîtes aux lettres, mais également de constituer des groupes de parole et d'être à l'écoute des enfants et de leurs parents.

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