Un grand-père jugé pour inceste : tout est parti d'un petit mot dans une boîte aux lettres de l'association "Les Papillons"

Un grand-père dans le box des accusés après quelques mots déposés dans une boite. Il sera jugé à partir de ce 20 septembre à Bourg-en-Bresse. Il est soupçonné d'avoir violé sa petite-fille. Lily avait déposé un mot dans l'une des boîtes de l'association "Les Papillons" pour le dénoncer. Deux ans après cet appel à l'aide, le procès va avoir lieu. Une première pour l'association.

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C'est grâce à un petit message glissé dans une boîte aux lettres de sa cour d'école que l'affaire a été dévoilée en 2022. Un procès va s'ouvrir devant la cour criminelle de Bourg-en-Bresse, ce vendredi 20 septembre. Dans le box des accusés : un grand-père. L'homme est soupçonné d'avoir violé sa petite-fille et agressé sexuellement deux des cousines de l'enfant.

Avec son association, Laurent Boyer lutte contre toutes les violences infantiles depuis 2019. Mais c'est le premier procès rendu possible grâce aux boîtes aux lettres de l'association "Les Papillons"

Briser le silence

En juin 2022, la fillette alors âgée de 10 ans a déposé un billet dans l'une de ces boîtes installées dans sa cour de récréation. Avec des mots d'enfants, elle décrivait ce qu'elle endurait. "Il met sa partie du bas dans ma partie du bas, et j'essayais de m'enlever, mais je n'y arrivais pas", a écrit Lily.

L'homme que l'enfant accuse de viol et d'agression sexuelle est son grand-père. Son calvaire a duré plusieurs années, mais l'enfant ne parvenait pas à en parler à ses parents. "Parfois, en sortant de la douche, je me disais : je vais le dire. Mais quand j'arrivais devant les parents, je n'arrivais pas à le dire", a raconté en mai dernier l'adolescente qui a accepté de témoigner. L'initiative de l'association "Les Papillons" lui a permis de briser le silence. "Sans ces boîtes, ça aurait pu durer encore longtemps", a confié la mère de Lily.



Écrire ce mot a été "un soulagement" pour l'enfant. "Ça me faisait beaucoup à porter et je n'arrivais plus à le garder. Et grâce à ça j'ai pu le dire, sinon je ne l'aurais jamais dit. C'était devenu vraiment compliqué de le garder et en même temps, je n'arrivais pas à en parler à mes parents. J'ai une amie qui m'a convaincue de mettre le mot dans la boîte. Je ne savais pas vraiment ce qui allait se passer. Au début, j'ai eu peur, mais après, c'était un soulagement".

Signalement

L'association "Les Papillons" a installé 350 de ces boîtes aux lettres dans des écoles élémentaires. Les boîtes se trouvent dans des lieux faciles d'accès, mais à l'abri des regards. Les enfants peuvent ainsi y déposer en toute discrétion des mots et aborder les sujets les plus graves. Violences physiques, abus sexuels, violences morales. Mais la moitié des messages sont en rapport avec des faits de harcèlement scolaires. Certains billets sont de véritables appels à l'aide. 
Que deviennent ces messages ? Les mots des enfants sont envoyés au siège de l'association. Des psychologues les analysent. Pour les cas les plus graves, la justice est saisie. C'est ce qui s'est passé pour Lily qui a dénoncé son grand-père. L’appel au secours de l'enfant a été rapidement suivi d’une enquête. 

Il y a une petite fille quelque part en France qui nous a écrit et il va y avoir un procès. Si ça permet de ne sauver qu'une seule enfant, c'est déjà une victoire.

Laurent Boyet

Association Les Papillons

"On a tout de suite fait un signalement au procureur. Nous étions le vendredi, 14 heures, quand le mot de cette petite fille est parti en direction du procureur de la République de l'Ain. Quatre jours après, c'est son grand-père qui a été interpellé", explique Laurent Boyet, fondateur de l'association. Le grand-père de Lily sera jugé à Bourg-en-Bresse à partir du 20 septembre.

Procès

Aujourd'hui âgée de 13 ans, Lily assistera au procès et souhaite même déposer à la barre. Elle espère la condamnation de son grand-père. "Je me dit qu'il ne va pas recommencer et qu'il ira en prison", explique Lily.  Devant la cour criminelle de Bourg-en-Bresse, l'adolescente sera aux côtés de deux de ses cousines. Ces dernières, également victimes, n'avaient jamais parlé avant le petit mot qui a déclenché les poursuites. Deux ans après le mot de Lily, son grand-père va être jugé pour viol, mais aussi pour agression sexuelle sur deux cousines de l'adolescente.

Des boîtes aux lettres pour aider à libérer la parole des enfants. Le fondateur de l'association "Les Papillons", lui-même abusé dans l'enfance par son frère, aimerait les voir se généraliser.

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