Jean-François Debat, maire PS de Bourg-en-Bresse, est également Président de l’Association Villes de France. Le plan de déconfinement annoncé par Edouard Philippe est clair, selon lui, même s’il regrette le choix de retour à l’école sur la base du volontariat.
Le discours global du Premier ministreDepuis le début de cette crise, j’ai toujours pensé et estimé que le Premier Ministre faisait preuve de plus d’esprit de responsabilité que le Président de la République. Finalement, le discours d’aujourd’hui était globalement adapté aux circonstances, assez précis et clair. Le seul problème, c’est qu’il vient démentir sur plusieurs sujets les propos précipités d’Emmanuel Macron ces dernières semaines. Il nous avait annoncé que le 11 mai on pourrait « recommencer à vivre ». Aujourd’hui son premier ministre nous dit –et à juste titre- que nous n’aurons qu’une levée partielle de la rigueur du confinement. De la même façon, il contredit le Président sur le déconfinement géographique, en annonçant des différences entre les départements où le virus est plus ou moins présent, avec des règles plus ou moins sévères. C’est le bon sens, mais c’est contradictoire. On nous a dit aussi expliqué pendant des semaines que le masque n’était pas utile, et on nous annonce aujourd’hui qu’il va devenir obligatoire, notamment dans les transports publics, voire dans les commerces. Finalement, je regrette de constater que tout cela n’enlève pas l’impression de cacophonie, de flou, et de propos contradictoires tenus par l’exécutif dans son ensemble. Et cela rend plus difficilement audible la parole publique. Ce qui rend également la confiance -nécessaire en période de crise- plus difficile à obtenir.
Le retour d’un dialogue avec les élus locaux
Le premier ministre a annoncé qu’il y aurait des discussions –enfin- avec les collectivités pour pouvoir adapter les dispositifs. Il est temps. Depuis plusieurs jours, les recteurs, les inspecteurs d’académie et les préfets sont l’arme au pied et ils n’ont pas de consigne pour discuter avec les élus, quels qu’ils soient, des conditions de levée du confinement. Nous avons donc perdu du temps. Il est temps que dès demain, nous puissions travailler avec ces représentants de l’Etat, et que nous puissions nous appuyer sur des consignes claires.
La « base du volontariat » pour retourner en classe
Pour avoir fait le point avec mes collègues des Villes de France, personne ne comprend ce retour à l’école des enfants sur la base du volontariat des parents. Cela n’est pas cohérent avec la priorité annoncée. Il est justifié que les enfants décrocheurs, qui n’ont pas pu suivre à distance, retournent à l’école. Il aurait fallu dire aux autres de ne pas revenir, pour le moment. Sur la base du volontariat, on fait porter aux parents une responsabilité importante et anxiogène, qui consiste à prendre cette décision. D’autre part, comment fera-t-on si les demandes excèdent le seuil de quinze par classe ? Qui décidera ? Comment ? Cela fait peser un aléa supplémentaire sur les réouvertures d’école. Je regrette vraiment que le gouvernement persiste dans une mesure aussi incompréhensible.
Dans chaque classe, notamment dans le primaire, les enseignants savent qui sont ces enfants décrocheurs ou en difficultés. Pour moi, c’est l’Education nationale qui devait choisir quels sont les enfants devant revenir à l’école. Et de dispenser les autres, qui seraient restés dans un enseignement à distance. C’est ainsi que l’enseignement obligatoire aurait pu trouver sa justification. Ces choix ne sont pas juste, et va compliquer les choses.
Les nouvelles dispositions sanitaires à l’école
Concernant le reste des mesures annoncées sur les écoles, il va d’abord falloir regarder dans chaque commune comment la désinfection des locaux va pouvoir être organisée régulièrement. Sur le port du masque, les consignes sont assez précises, notamment l’absence d’obligation à l’école primaire. Même si, au final, on renvoie toujours la responsabilité aux parents sur cette question.
Le déconfinement par département
Concernant les commerces, je crois que chaque maire va pouvoir travailler avec ses commerçants pour assurer une homogénéité des règles d’admission dans chaque ville. Ceci donnera un cadre pour travailler. En ce qui concerne les différents départements « rouges » et « verts », il sera nécessaire que chacun sache dans quelle situation il se situe, et quelles seront les conséquences de ces catégories. Ce qui impliquera forcément beaucoup de transparence sur un passage, par exemple, de vert à rouge. Nous avons bien compris que cette carte serait rendue publique avant le 7 mai.