La diffusion d'un reportage dans l'émission "Envoyé Spécial", jeudi 13 septembre, fait réagir les associations écologistes. Elles craignent pour la sécurité de plusieurs sites nucléaires, et notamment la centrale du Bugey dans l'Ain, à 35km de Lyon, en cas de rupture du barrage de Vouglans (Jura).
Que se passerait-il, si le barrage de Vouglans dans le Jura venait à céder ? Un tel événement est-il possible ? Les fissures, visibles dans l'infrastructure, sont-elles inquiétantes ? Un reportage diffusé jeudi 13 septembre dans l'émission Envoyé Spécial, révèle un scénario catastrophe, envisagé par EDF et par les autorités.
Implanté à l'amont de deux hameaux, Vouglans et Menouilles, dans une gorge de 200 mètres de profondeur, le barrage, avec 103 mètres de haut, est la troisième retenue de France, retenant pas moins de 600 millions de m3 d’eau.
Comment est calculé le risque d'inondation, en cas de rupture du barrage? Selon Envoyé Spécial, une note interne et confidentielle n'aurait pas pris en compte, toute l'eau retenue en amont.
La différence de critère NGF pris en compte entre un document public d’#EDF et celui confidentiel d’EDF Nucléaire (transmis à l’autorité de sûreté) représente 85 millions de m3 d’eau qui manquent au calcul de la vague de submersion. #Vouglans #EnvoyeSpecial pic.twitter.com/C8rXnACnEq
— Envoyé spécial (@EnvoyeSpecial) 13 septembre 2018
Conjonction hypothétique d’une crue historique et de la rupture du barrage… Le directeur de la centrale nucléaire du Bugey, Pierre Boyer, est convaincu que le site ne serait pas inondé. #Vouglans #EDF #EnvoyeSpecial pic.twitter.com/UyGq1ULlT0
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Inquiétude des associations
Le réseau d'associations "Sortir du nucléaire" a publié un communiqué craignant que le pays connaisse à son tour "un accident de type Fukushima!"."Une rupture du barrage de Vouglans, dans l’Ain, ne peut être exclue. 600 millions de mètres cubes d’eau seraient alors libérés et une vague de plusieurs mètres de haut déferlerait dans la plaine de l’Ain puis dans la vallée du Rhône, rencontrant sur son passage les 14 réacteurs nucléaires qui la jalonnent.
Le premier site nucléaire impacté, à 70 km en aval du barrage et à 35 km de Lyon, serait celui du Bugey avec quatre réacteurs en activité, un réacteur en cours de démantèlement, un centre de stockage et de conditionnement de déchets irradiés (ICEDA) en construction. EDF prétend que le site ne serait pas touché, les eaux s’arrêtant quasi miraculeusement au bord de la route d’accès à la centrale. Comment accorder le moindre crédit à ces projections, qui semblent plus relever du vœu pieux que de l’estimation prudente? Si tout est sous contrôle, pourquoi envoyer aux associations des documents copieusement caviardés? Surtout, un document interne à EDF évoqué dans ce reportage met en évidence une différence de 85 millions de m3 d’eau avec les estimations officielles, démentant les discours optimistes de l’entreprise. (...)
Toujours selon ce document interne EDF, la centrale de Saint-Alban, dans l’Isère, ne serait épargnée par la vague qu’à 7 cm près (!). Mais la centrale de Cruas-Meysse, en Ardèche, pourrait voir ses bâtiments réacteurs noyés et perdre ses sources de refroidissement, ce qui mènerait à un accident de type Fukushima. Les conséquences seraient similaires à Tricastin
Il y a tout lieu de craindre, quand bien même les réacteurs ne seraient pas submergés, que les débris charriés par la vague n’obstruent les filtres des système de prélèvement d’eau des centrales. Le refroidissement des réacteurs serait alors compromis. Et que dire des impacts potentiels d’une telle inondation brutale sur les infrastructures de transport d’électricité? Jamais la France ne se relèverait d’un tel accident. (...)"
Le barrage le plus surveillé de France
De façon anonyme, un ancien technicien d'EDF affirme dans le reportage que le barrage de Vouglans "peut péter à tout moment". En cause, des infiltrations à la base qui passerait en dessous du béton, et un contact entre la roche et le béton jugé trop fragile.Selon cet ancien technicien d’#EDF, "ce type de construction de barrage peut péter instantanément, d’autant plus qu’il est fragile". #Vouglans #Envoyespecial pic.twitter.com/5vkGD7hhZE
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200 fissures sous surveillance
Pour la sûreté hydraulique d'EDF, les fissures et la jonction entre le béton et la roche, ne poseraient aucun souci particulier. Le site serait suffisamment surveillé.Les 200 fissures étroitement surveillées et les jonctions entre roche et béton du barrage de #Vouglans ne posent aucune inquiétude à Alain Beaudoux, inspecteur de sûreté hydraulique d’#EDF. #EnvoyeSpecial pic.twitter.com/C4MRmoRqj2
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