Avec une gigantesque réserve et un centre de compression, le site d'Etrez dans l'Ain est un noeud important dans la distribution du gaz en France. A l'heure de la contestation contre le réforme des retraites, des gaziers perturbent l'activité de cette plateforme.
Le site d'Etrez, implanté sur le territoire de la commune nouvelle de Bresse Vallons (Ain), est un point névralgique dans la distribution du gaz en France entre le Nord et le Sud, l'Est et l'Ouest. Il y a d'abord une réserve, gérée par Storengy, qui se remplit chaque été du gaz naturel venu de Norvège, de Russie ou des terminaux méthaniers de Fos et Montoir-de-Bretagne. La distribution de plus d'1 milliard de m3 se fait ensuite logiquement en hiver. Etrez accueille aussi une impressionnante station de compression, gérée par GRTgaz, qui permet de dispatcher le combustible.
Les gaziers du secteur tentent de perturber ce dispositif. Ils bloquent le site de stockage depuis le 13 janvier, en raison de la menace qui pèse sur leur régime de départ à la retraite à 57 ans, pour ceux dont la pénibilité du travail est reconnue.
Ce blocage a pour effet de bouter les prestataires de Storengy hors du site, ils ne peuvent plus entrer. La filiale d'Engie devra sûrement verser des pénalités à ces sous-traitants. C'est un premier niveau d'action.
Montée en pression
Mercredi 22 janvier, les gaziers d'Etrez ont été rejoints par des homologues de toute la région (Rhône, Loire, Isère, Savoie) et des électriciens. A l'appel de la CGT "Mines Energie", 200 personnes étaient là pour faire monter le mouvement en pression. L'idée était d'obtenir du directeur du site Storengy un abaissement du soutirage, autrement dit que moins de gaz sorte de la réserve.Les discussions n'ont pas eu l'effet escompté et les grévistes s'en sont pris au poste électrique qui alimente la station de compression. La coupure de l'alimentation a ralenti l'activité mais elle a surtout permis d'obtenir un engagement. Alors que le froid nécessite en ce moment d'envoyer 1 million de m3 de gaz par heure dans le réseau, Storengy aurait promis de limiter la distribution à 800.000 m3.
Une maigre avancée pour les opposants à la réforme des retraites mais, selon Didier Chabard de la CGT, "peu à peu on porte un coup à la distribution du gaz, et si la Suisse voisine, -à qui on vend du gaz-, voit ses jauges diminuer c'est directement l'Elysée qui devra répondre, donc on a un levier pour que Macron comprenne que sa réforme on n'en veut pas".
Dans un communiqué, la direction de Storengy précise toutefois que "les équipes se mobilisent pour assurer la mission de service public : la sécurité d'approvisionnement en gaz naturel des clients partout en France". Et d'assurer : "depuis le début de la grève toutes les opérations de maintenance réglementaires ont été effectuées et continueront à l'être. Nous échangeons régulièrement sur ce sujet avec l'administration, par le biais par exemple des inspecteurs DREAL".
Extrait 12/13 du 22/01/20