L’équipementier automobile Forvia supprime 110 postes sur son site de Méru : "on pensait que ça allait arriver, mais pas de cette ampleur"

L’équipementier automobile Forvia annonce la suppression de 110 postes dans la recherche et développement de son site de Méru, dans l’Oise. Une décision liée à une stratégie de délocalisation en Asie, qui inquiète les salariés sur l’avenir industriel local. Les négociations du plan social débuteront le 4 décembre.

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L’équipementier automobile Forvia a annoncé, lors d’un comité social et économique central, la suppression de 110 postes dans la recherche et développement de son site de Méru, dans l’Oise. Prévue d’ici à février 2025, cette restructuration touchera techniciens, dessinateurs et testeurs des planches de bord, soit près de 20 % des effectifs de ce département qui emploie 571 salariés.

Les syndicats dénoncent une logique de délocalisation, les activités supprimées devant être transférées vers des centres situés dans des pays à bas coût comme la Chine et l’Inde. "On pensait que ça allait arriver, mais pas de cette ampleur. À terme, je pense que le centre de recherche de Méru est condamné", confie un salarié, sous couvert d'anonymat.

Des syndicats mobilisés

Cette décision s’inscrit dans une stratégie annoncée par Forvia en février dernier : réduire ses effectifs mondiaux de 10 000 postes en cinq ans pour améliorer ses marges opérationnelles. José Peintre, délégué syndical CGT, pointe les incohérences de cette démarche : "en France et plus particulièrement à Méru, on est très compétents dans ce qu’on fait. On a de bons résultats. On ne comprend pas ce qui se passe."

Le syndicaliste met également en garde contre les conséquences sociales : "moins 110 personnes avec la même charge de travail, on ne sait pas comment on va faire. On a déjà une augmentation des burn-out sur le site. Il y aura des risques psychosociaux très importants derrière."

Les syndicats prévoient de rencontrer les élus locaux pour obtenir leur soutien. "Si les pouvoirs publics ne nous soutiennent pas, les industriels continueront de faire ce qu’ils veulent", déclare José Peintre, en rappelant que le site dépend en grande partie de l'usine de Stellantis à Poissy, son principal client.

Le précédent Valeo et l’alerte des élus

Cette annonce fait écho à d’autres restructurations dans l’industrie automobile française. En octobre dernier, Valéo a acté la fermeture de trois sites sur le territoire national, dont celui d’Amiens, en attente d’une décision définitive le 6 décembre prochain. À l’époque, des élus locaux, soutenus par le sénateur Rémy Cardon, avaient tiré la sonnette d’alarme sur la nécessité de défendre l’industrie européenne.

Lors d’une visite des sites Valeo et Watts (près d’Abbeville), le sénateur avait rappelé l’urgence d’agir face à la concurrence étrangère et de maintenir les savoir-faire en France.

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Le gouvernement appelle à la concertation

Interrogé jeudi 21 novembre en visite sur un site de l’Oréal, le ministre délégué à l’Industrie, Marc Ferracci, a rappelé le rôle de l’État dans ces situations. "Moi, je suis très attaché à ce que les informations soient transmises le plus en amont possible aux représentants des salariés lorsque les difficultés surviennent. Les difficultés font partie de la vie économique, mais il faut les partager et essayer de trouver des solutions ensemble", a-t-il déclaré.

Le ministre a également insisté sur l’importance d’accompagner les territoires touchés : "quand un site disparaît, cela a des conséquences sur les commerces avoisinants et les services publics. L’enjeu, c’est de faire en sorte que les engagements pris par les entreprises en termes de revitalisation soient suivis et respectés."

Les premières discussions autour du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) débuteront le 4 décembre prochain. Les syndicats réclament des garanties pour un accompagnement des salariés et des engagements clairs sur la revitalisation du site de Méru. Dans la crainte de l'abandon, tous s'attendent à un long combat pour défendre leur savoir-faire.

Contactée, la direction de Forvia n'a pas souhaité s'exprimer avant d'entamer le dialogue social le 4 décembre.

Avec Naïm Moniolle / FTV

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