Fabien Guillou, champion du monde de bodybuilding naturel, n'a pas dit son dernier mot. L'Aindinois qui souffrait de problèmes cardiaques plus jeune, vise cette année, à 43 ans, les championnats Univers en Corée.
Fabien Guillou a été couronné champion du monde de bodybuilding naturel le 19 novembre dernier à Prague.
Naturel, un mot simple, mais qui fait la différence pour Fabien. Il est contrôlé plusieurs fois dans l'année pour vérifier que son corps est sain et qu'il n'utilise pas de produits dopants. Côté silhouette, la recherche est la même, une esthétique musculaire parfaite selon des critères très précis imposés par le jury.
Une revanche sur la vie
Quand Fabien revoit les images de son sacre, l'émotion est encore là. "C’est kiffant ! Le fait de monter sur scène comme un acteur, comme un chanteur, ça tape dans le cœur" explique l'aindinois avec un large sourire. Il connait la scène par cœur. Se voit saluer le public. "C'est là le moment. 1. 2. 3. On ne voit plus que moi, c'est bon les autres, vous pouvez partir" plaisante-t-il.
Surtout que c'était loin d'être gagné. Fabien souffre de problèmes de santé depuis son plus jeune âge. "J'ai des problèmes cardiaques depuis ma naissance, comme ça arrive à plein de gens" précise-t-il, mais ça ne l'empêche pas de faire du sport jusqu'à l'adolescence. Du basket surtout. À 18 ans, il s'intéresse à la musculation et les choses se corsent. "On m'a interdit le sport. Ça a été 8 années très difficiles avec des grosses prises de poids, une dépression aussi parce que quand on m'a enlevé ma passion, ce fut très difficile à vivre". Heureusement, il rencontre une spécialiste internationale en rythmologie qui lui trouve un traitement. Fabien peut enfin reprendre le sport. "Et là, j'avais une revanche à prendre !" dit-il.
La compétition en ligne de mire
Il fait sa première compétition de bodybuilding à 40 ans, finit sur le podium et rejoint l'équipe de France. Puis, ce sont les championnats d'Europe où il arrive quatrième. Même résultat l'année suivante. Il fait alors une pause d'un an pour vraiment se préparer. Il grimpe sur le podium national et européen, enchaîne avec les mondiaux et décroche le titre. Ce fut comme une évidence. "En backstage, quand j'ai vu les autres athlètes [...] J'étais sûr de gagner. Ça ne m'est jamais arrivé avant. Habituellement, j'y allais plutôt à la cool, pour me faire plaisir".
Entre le moine et le psychopathe
"Le body building, c'est pousser l'esthétisme à son paroxysme. On a des phases où on va rechercher de la force avec des poids très lourds et d'autres où on travaille le volume musculaire. C'est entre le moine et le psychopathe. Au niveau de la nutrition, c'est très carré, assez monastique et au niveau de l'entrainement, c'est vraiment ciblé".
Dans la vie, Fabien est prof d’architecture. Il est extrêmement carré. Entre deux cours, la préparation sportive rattrape le prof. En pleine période de préparation, il doit prendre 6 à 7 repas par jour. "Il faut nourrir le muscle assez souvent, toutes les 2 à 3 heures". Côté entrainement, il y consacre deux heures par jour en moyenne et travaille le mental pour rester concentré sur scène.
Dans le civil, habillé comme tout le monde, pas facile de repérer son corps d'athlète. "Je fais partie des petits volumes. Si on compare à la boxe, il y a des poids lourds, des poids coq, des poids plumes. Moi, je fais partie des plus légers".
En pleine période de compétition, c'est plus frappant. Lors des compétitions, le corps est mesuré avec des ratios pour les cuisses, les épaules... La définition et la densité musculaires et la prestance entrent également en jeu dans la note du jury. C'est très cadré.
Des fans à la maison
Même si ses élèves sont admiratifs, ses plus fidèles supporters sont à la maison. Là aussi, les règles sont strictes, mais juste pour lui. "J'essaie qu'on ait tous le même repas, mais moi, je pèse". Son épouse s'y est bien faite. "Du coup, on mange équilibré" conclut-elle tout en précisant qu'il y a quand même du chocolat et des gâteaux dans un placard de la cuisine.
Toute la famille a fait le déplacement pour les Mondiaux. "C'est toute une hygiène de vie et voir après qu'il fait un podium, qu'il réussit, qu'il est devant des gens plus jeunes que lui, c'est gratifiant et ça motive pour continuer" dit-elle.
À 43 ans, Fabien Guillou a désormais un nouvel objectif, les championnats Univers en Corée en juin, encore plus sélectifs. "Il y a ce côté challenge, ce côte sportif. C'est comme pour tous les sportifs. Quand on est champion, on a envie de continuer et de l'être encore".