Malgré les annonces du Premier ministre Gabriel Attal, la colère des agriculteurs continue de gronder. Dans l'Ain, les tracteurs de la FNSEA bloquent l'entrée de plusieurs enseignes de la grande distribution, avec l'intention de s'installer dans la durée.
À quelques jours du salon de l’agriculture, les agriculteurs mènent de nouvelles actions un peu partout dans la France. Le département de l’Ain ne fait pas figure d’exception.
Une dizaine de tracteurs avec des bennes chargées de fumiers organisent le blocage de l'enseigne Super U située à Saint-Just, tandis que les derniers camions de livraison du magasin peinent à se frayer un chemin au milieu du blocage.
D'autres tracteurs sont quant à eux postés devant le Carrefour de Bâgé-Dommartin et le Leclerc de Feyzin, et suivent le même mode opératoire. "Toutes les enseignes sont visées", explique Justin Chatard, du syndicat Jeunes Agriculteurs 01.
Une manifestation prévue pour durer ?
Le syndicat FNSEA-Jeunes agriculteurs avait appelé par voix de communiqué mardi 21 au blocage "des centrales d’achat de la grande distribution et de la restauration hors foyer par les FDSEA et JA de la région".
"Dès mercredi 21/02 et au moins jusqu’à l’ouverture du Salon International de l’Agriculture samedi 24/02, plusieurs centrales de notre région seront sous embargo", précise le document.
#onmarchesurlatete Acte 3 des mobilisations en région Auvergne Rhône Alpes! Retrouvez notre communiqué de presse 👇nos attentes sont fortes sur le respect de la Loi #Egalim et la rémunération des #agriculteurs pic.twitter.com/ieXhXZGP59
— FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes (@FRSEA_AURA) February 20, 2024
Tandis que les discussions se poursuivent, sous tension, entre les agriculteurs et les représentants de la plateforme U à Saint-Just, des camionnettes remplies de palettes font leur arrivée sur le site.
Elles semblent prévoir la mise en place d'un feu, sans doute pour passer la nuit, voire plus.
Le point de tension : la loi EGAlim
Avec cette manifestation, les agriculteurs espèrent faire passer un message au gouvernement, alors que Gabriel Attal a tenté ce mercredi 21 février de les rassurer en dressant "un point d’étape" des 62 chantiers lancés par le pouvoir en place. Le plus important étant le projet de refonte de la loi EGAlim, censée les protéger dans le rapport de force avec les grandes surfaces et l’agroalimentaire.
Il est notamment revenu sur les sanctions à l’encontre des "fraudeurs", qui vendent leurs produits à des prix inférieurs à leur coût de production. "Les contrôles se multiplient, et les sanctions seront au rendez-vous", a-t-il assuré, avant de laisser la parole à son ministre de l'Économie, Bruno Le Maire.
Ce dernier a annoncé que "1 400 contrôles" avaient été menés sur "les 200 plus grands industriels et cinq distributeurs", permettant de révéler "150 cas de non-conformité".
"On est en 2024 et la loi n’est toujours pas respectée"
Cela n’a pas convaincu la FNSEA qui dénonce une mauvaise application de la loi Egalim. "En 2017 la loi est sortie. On est en 2024, elle n’est toujours pas respectée", explique Gille Brenon, représentant du syndicat FDSEA. "Nous, on connaît le prix auquel on est payé. On voudrait bien savoir à quel prix vous achetez les produits et à quel prix vous les vendez", ajoute l'agriculteur, qui s'adresse au responsable du Super U de Saint-Just. Il s'était déjà battu en 2015, pour la mise en place de cette loi.
Le redoublement des contrôles des services préfectoraux dans les magasins n’a pas permis d’épurer le marché agroalimentaire. Les agriculteurs ciblent notamment les produits portant le drapeau tricolore, symbole d’une fabrication française, alors qu’ils sont seulement mis en boîte dans l’hexagone.
Tous réclament la transparence des acteurs de la filière alimentaires sur leurs marges ainsi que des sanctions pour ceux qui refusent de s’aligner sur ces règles.