Le retour du froid n'en fait plus un lac, mais une patinoire en plein air. Au Poizat-Lalleyriat, dans l’Ain, les promeneurs dominicaux profitent des premières gelées pour patiner dans un paysage hors du temps.
Le paysage est figé par l'hiver. Ses contours ciselés par la neige. Sur les contreforts du plateau du retord, le lac du Poizat-Lalleyriat ne reçoit plus les baigneurs des beaux jours, il devient patinoire dès les premières gelées.
Un spot de hockeyeurs nés
Ici, les habitants ont l'habitude de venir en famille. "On vient été comme hiver, s'enthousiasme Ninon. C'est plus grand qu'une patinoire". En effet, le lac offre une surface de glisse de 1,4 hectare, soit 200 mètres de long sur 50 de large. "C'est aussi l'avantage de le faire en nature, c'est qu'on peut prendre de la vitesse, on peut faire du hockey, il y a même un espace pour les enfants. Chacun a sa place pour être libre et se faire plaisir."
Ces derniers jours, il a neigé en même temps qu'il a gelé. Donnant à la glace un aspect granuleux. Le hockey, c'est le sport local. Des cousins se sont retrouvés pour faire une partie. "Dès qu'il y a un petit peu de glace, c'est notre rendez-vous en famille, on court au lac et on patine ensemble!"
Un adolescent que nous rencontrons joue lui aussi au hockey depuis son enfance. Il adore la vitesse que ça lui procure. Mais il ne faut pas lui proposer de pratiquer en salle. "Je n'ai pratiquement jamais jouer en salle. Dehors c'est beau, il neige, c'est magnifique! Le hockey c'est une sensation de liberté, on joue avec le palet, on fait ce qu'on veut avec les patins, il y a de la vitesse, c'est incroyable !"
Loueur de patins et surveillant du lac
Dans ce paysage de roseaux et de lac gelé, personne n'a souvenir d'avoir déjà vu autant de monde. Cela est sans doute dû à la présence d'un loueur de patins à glace, qui fait sa deuxième saison. Chaque matin, c'est un rituel, il mesure l'épaisseur de la glace. "On voit qu'il y a presque onze centimètres ce matin. Sept centimètres, c'est assez pour monter dessus." Si la couche est plus fine, Romain Miguet refuse de louer des patins. S'aventurer sur un lac gelé est aux risques et périls de chacun.
Le lac se situe dans un couloir venteux à 900 mètres d'altitude, à l'abri du soleil. Il y fait froid même par beau temps. Sa profondeur est faible, entre 1,8 et 2,5 mètres. Tous ces éléments lui permettent de geler facilement et longtemps.
Un paysage hors du temps
Jeune père de famille, Clément apprend à sa fille de quatre ans les plaisirs de la glisse. "C'est magique, quand on voit ça, tous ces sapins, cette neige. C'est une chance qu'on a dans la région de trouver des cadres comme ça!". "C'est comme une parenthèse dans le temps. C'est hyper divers, on a le ski qui fait le tour du lac, les luges avec les pentes et le patin à glace" se réjouit cette autre patineuse.
Une autre dimension qui permet de se mettre en retrait des tracas du quotidien pour Clément. "Cette année, les patinoires ont toutes un peu fermé à cause de la crise énergétique. Là au moins, on en a une immense à disposition!"