Depuis novembre 2022, un groupe d'entraide mutuelle (GEM) propose aux personnes atteintes de dépression de recréer du lien social. Ateliers cuisine, sessions jeux de société, et autres activités viennent redonner le sourire au malades.
Partage, écoute, découverte. Trois petits mots qui signifient beaucoup pour Olivier Clerc. Depuis près de trente ans, l'ancien ouvrier dans l'industrie mécanique souffre de dépression. Avec la création du Groupe d'entraide mutuelle (GEM) à Ambérieu-en-Bugey en novembre 2022, il se sent revivre.
"C'est une bulle d'oxygène", livre l'adhérent, qui se souvient avoir vu sa vie voler en éclats un vendredi en 1991. "Au centre, je trouve des gens qui font abstraction de leur pathologie, ce qui peut se faire dans un cadre comme ici, mais pas forcément dans un hôpital", ajoute-t-il libéré.
"Un lieu où ils peuvent se sentir en tant qu'être humain"
Depuis 2005, ces structures qui viennent en aide aux personnes isolées dont la santé mentale est fragile, se multiplient en France. Elles ont pour seul objectif, recréer du lien social.
"Leur quotidien, c'est les centres médico-psychologiques, les rendez-vous avec les psychologues, les infirmiers qui viennent leur donner leur traitement et c'est tout. Ils ne voient personne d'autre. Le GEM, c'est un lieu où ils peuvent se sentir en tant qu'être humain et plus en tant que malade ou patient. Ils retrouvent un but dans leur vie et se sentent moins seuls."
Charlotte VandervortAnimatrice GEM d'Ambérieu-en-Bugey
Soigner par l'activité
Et pour sortir de l'isolement, rien de mieux qu'une partie d'échecs, cours de jardinage, ou encore un atelier cuisine. Eric Blanc est restaurateur dans la région et il se réjouit de partager son savoir-faire, au service d'une noble cause. "Je leur apprends à cuisiner des choses toujours plus pratiques pour eux, explique-t-il. Par exemple, je fais beaucoup de poêlées des légumes, des trucs faciles que je leur fais couper à la main pour qu’ils apprennent à couper un légume correctement".
Un parfait d'alliage d'amusement et d'apprentissage, parfois de réapprentissage, pour ces personnes qui regoûtent à la vie. "Ça peut être un déclic. Après, chez aux, ils peuvent refaire des plats. Alors peut être pas aussi élaborés, mais au moins ils réapprennent à utiliser des couteaux, une plaque électrique , un four, car beaucoup ils se faisaient des plats au micro-onde", souligne Charlotte Vandervort.
"On vient parce que l'on a envie"
Et ça fonctionne ! L'animatrice le constate tous les jours. "Myriam ne sortait pas trop de chez elle. Aujourd'hui, elle vient régulièrement", souligne Charlotte Vendervort. En venant au GEM, Myriam trouve "un lieu d'échange", "une vie sociale pour ne plus avoir à parler uniquement à [s]on chien", bref, "des rapports humains".
Un changement qui va bien au dela de l'aspect psychologique. "On voit que pour le repas de Noël, certains ont sorti les chemises et les cravates. Il y en a qui sont allés chez le coiffeur. On sent que ça leur fait du bien", ajoute l'animatrice.
Pas d'obligation, "on vient parce que l’on a envie de venir", conclut Myriam. L'adhérente compte proposer une prochaine sortie au groupe : le théâtre.