L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a demandé à EDF de mener des investigations complémentaires sur les générateurs de vapeur équipant 18 réacteurs nucléaires, potentiellement affectés par une anomalie similaire à celle de la cuve de l'EPR de Flamanville (Manche).
"L'ASN considère que les premiers éléments de justification apportés, sur la base desquels EDF a maintenu les équipements concernés en service, doivent être confortés", précise la note d'information du gendarme du nucléaire. "Elle a donc demandé à EDF de mener des investigations complémentaires sur les fonds primaires (la partie basse des générateurs) concernés".
L'ASN avait annoncé en avril 2015 avoir détecté un défaut dans la composition de l'acier du couvercle et du fond de la cuve de l'EPR de Flamanville, fabriqués à l'usine d'Areva au Creusot (Saône-et-Loire), où des anomalies dans des dossiers de suivi de fabrications de pièces forgées ont par ailleurs été découvertes.
EDF avait dès lors été priée par l'ASN de mener des analyses pour recenser les équipements des réacteurs en exploitation qui pourraient être concernés par une anomalie similaire à celle de l'EPR. Fin mai, le président de l'ASN, Pierre-Franck Chevet, avait déjà indiqué que d'autres réacteurs en fonctionnement étaient concernés, sans dire lesquels, et plus particulièrement des générateurs de vapeur.
Les générateurs de vapeur sont des échangeurs de chaleur entre l'eau du circuit primaire du réacteur et l'eau du circuit secondaire, qui se transforme en vapeur pour alimenter les turbines générant l'électricité.
Jeudi, le gendarme du nucléaire a précisé que ces générateurs de vapeur, fabriqués au Creusot ou au Japon, équipaient 18 réacteurs de 900 ou 1.450 mégawatts (MW), sur les 58 que compte le parc nucléaire français. Ces réacteurs sont répartis dans neuf centrales (Blayais, Bugey, Chinon, Civaux, Dampierre, Fessenheim, Gravelines, Saint-Laurent-des-Eaux et Tricastin).
"Les analyses menées par EDF depuis 2015 concluent que certains fonds primaires de générateurs pourraient présenter une zone de concentration importante en carbone pouvant conduire à des propriétés mécaniques plus faibles qu'attendues", a expliqué l'ASN dans sa note. Or, ces composants sont "essentiels pour la sûreté", a-t-elle souligné.
Greenpaece réclame l'arrêt des installations concernées
EDF a indiqué avoir apporté les premiers éléments de justification et décidé, sur la base de ces analyses, de maintenir les équipements concernés en service. "Des marges importantes ont été prises sur ces équipements dès la fabrication" et "les analyses qui ont été menées jusqu'à aujourd'hui (...) montrent que l'intégrité des pièces n'est pas remise en cause et que le fonctionnement en toute sûreté est assuré", a déclaré un porte-parole d'EDF. Il a précisé que l'électricien français apporterait "toutes les précisions nécessaires et les éléments complémentaires" réclamés par l'ASN.
Greenpeace a de son côté réclamé l'arrêt des installations concernées. "Ces installations doivent être immédiatement stoppées pour que la qualité et la sûreté des pièces soient contrôlées. On ne peut pas se permettre d'avoir des réacteurs en activité alors que leur circuit primaire pourrait lâcher!", a déclaré dans un communiqué Cyrille Cormier, chargé de campagne énergie au sein de l'ONG.
L'ASN a par ailleurs indiqué que les analyses d'autres composants forgés de la cuve, du pressuriseur et des générateurs de vapeur, "susceptibles d'être également concernés par cette anomalie", se poursuivaient. Le dossier a fait l'objet vendredi d'une réunion du groupe permanent d'experts pour les équipements sous pression nucléaires auprès de l'ASN.