Après l'éclosion d'un second petit vautour moine au Parc des Oiseaux de Villars-les-Dombes, il a fallu lui trouver en urgence des parents adoptifs, les siens étant trop inexpérimentés pour l'élever. L'oisillon a finalement trouvé un nid... aux Pays-Bas.
Il n'a encore quasiment pas de plumes et pourtant cet oisillon a déjà pas mal bourlingué : la Dombes, la Belgique puis la Hollande, soit plus de 900 kilomètres en moins d'une semaine d'existence. Pour une raison simple : ce bébé vautour moine, sorti de l'œuf le 2 juin dernier, ne pouvait être laissé à ses parents, trop jeunes (15 ans) et trop inexpérimentés pour l'élever. Il fallait donc lui trouver une famille d'adoption.
De l'Ain aux Pays-Bas via la Belgique
Dont acte du côté de la Belgique, au zoo de Planckendael, où un couple de vautours moines adultes semblait faire l'affaire. Seulement, même chez les vautours, il faut des atomes crochus pour que la greffe prenne. Raté ! À peine 24 heures après l'arrivée de l'oisillon, le couple adoptant l'a rejeté.
Un nouveau couple d'accueil a finalement été trouvé à Arnhem, en Hollande, où deux vautours moines venaient de perdre leur œuf. L'oisillon a donc été transféré vers le Burger Zoo où il a été adopté par un couple expérimenté qui le nourrit convenablement depuis 24 heures, ce qui semble être un signe de reconnaissance majeur chez les oiseaux.
"On a fait le parcours en voiture. L'oisillon était placé dans une sorte de couveuse chauffée à 34°, branchée sur l'allume-cigare" raconte Eric Bureau, le vétérinaire du Parc des Oiseaux. "Ensuite, il suffit de faire quelques pauses pour nourrir l'animal au cours du trajet et tout se passe bien".
En quelques semaines, ce bébé vautour moine est le second à percer sa coquille au Parc des Oiseaux de Villars-les-Dombes. Deux naissances successives, grâce au centre de reproduction spécialisé du parc, le programme Barnabé. Un programme européen pour sauvegarder les espèces d’oiseaux menacées ou localement disparues à l’état sauvage.
Trois espèces sont ciblées pour l'instant : le gypaète barbu, l'outarde canepetière et le vautour moine. L'idée, c'est de pouvoir réintroduire dans la nature les jeunes nés grâce au programme Barnabé et à terme que ces espèces soient capables de se reproduire sans l'intervention de l'homme.
Un faux œuf le temps de l'incubation
Mais pourquoi ne pas laisser l'oisillon à la garde de ses parents biologiques ? "Pour lui assurer les meilleures conditions de développement" explique Eric Bureau."Quand le couple de vautours moines se reproduit en captivité pour la première fois, en général, on retire l'oisillon pour le confier à des parents plus expérimentés. Mais, ça dépend aussi du comportement. Le premier petit vautour né chez nous début mai a été retiré du nid familial et placé dans un incubateur (on l'avait remplacé dans le nid par un faux œuf). Mais après l'éclosion, on a replacé le petit dans le nid et les parents s'en occupent parfaitement."
Son destin : assurer une descendance
Le petit vautour adopté en Hollande, lui, n'est pas destiné à aller glisser ses ailes sous le vent des grands espaces sauvages. Il sera maintenu dans un centre de reproduction pour renforcer la diversité génétique de la population captive. C'est moins excitant... Pour l'heure, il va rester au moins trois mois avec ses parents adoptifs, le temps de faire des plumes, du muscle, du bec et des serres.