A la centrale du Bugey, les blocages ont repris le 7 mars, journée phare du mouvement contre la réforme des retraites. Conséquence : pas d’impact sur la production d’énergie, mais un coup de frein sur les préparations d’arrêt de tranches. Trois questions à Christophe Paul, délégué syndical CGT et secrétaire du CSE de l’unité du Bugey,
Christophe Paul, coordonne avec les autres syndicats (CFDT, FO, CFE-CGC) le blocage de la centrale nucléaire du Bugey. Il rappelle les motivations qui ont conduit à la grève reconductible et au blocage.
“ Nous sommes en grève car cette réforme est profondément injuste. Faire travailler les salariés deux ans de plus lorsque l’on sait que sur certains métiers, les salariés ont une espérance de vie inférieure de 12 ans par rapport à l’espérance de vie moyenne, c’est inacceptable. Le gouvernement est violent en faisant adopter une telle réforme. Il nous dit qu’i n’y a pas d’argent, mais de l’argent, il y en a. 60 milliards d’euros ont été accordés aux entreprises sans contrepartie. 250 millards d’euros ont été distribués sous forme de dividendes aux actionnaires des entreprises du CAC 40. Donc l’argent existe, la seule chose c’est que le pouvoir ne veut pas redistribuer l’argent aux salariés telle qu’on le réclame."
Sur la question de la pénibilité du travail, quelles sont vos inquiétudes ?
Nous avons un régime spécial d’avant-garde qui remonte à l’avant-guerre. Ce régime reconnait la pénibilité, chose que Sarkozy avait lui aussi reconnu en parlant de “reconnaissance de pénibilité”, ce que Macron a balayé d’un revers de main. Un salarié EDF peut aussi bénéficier d’une telle reconnaissance, mais seulement 23 % des agents EDF. Les autres travaillent jusqu’à 62 ans. Cela montre bien que s’attaquer à un régime spécial est de la fumisterie.
Quelles sont vos attentes par rapport à la prise de parole du président Macron ce jour ?
On aimerait qu’il déclare qu’il retire la réforme des retraites. Et qu’il se mette autour de la table pour une discussion avec les représentants des salariés et du patronat pour aller vers une réforme de retraire qui soit juste. En prenant l’argent là où il y en a. L’espoir est très grand parce que 70 % de la population est contre cette réforme. Rappelons ce qui s’est passé avec le contrat première embauche. La loi était passée mais derrière, les décrets n’ont pas été publiés. Et on a réussi à faire retirer cette loi. Donc on ne lâchera rien, on continuera, peut-être sur d’autres sites, d’autres lieux dans le département.
Quel est l’impact du mouvement sur l’activité de la centrale ?
Il n’y a pas d’impact sur la production car nous avons un souci technique. Les tranches ne sont pas manœuvrables tant que que l’on est pas dans une situation de sûreté totale. Quand on y sera, on agira sur la production comme c’est le cas dans 9 sites nucléaires actuellement. En revanche, le blocage entraîne des prises de retard en ce qui concerne les préparations d’arrêts de tranches. C’est le cas de la tranche numéro 5 qui doit être à l’arrêt en mai prochain. Il est certain que si le projet de réforme du gouvernement est toujours d’actualité, on empêchera cet arrêt.