Un détachement de 105 sapeurs-pompiers français est parti renforcer leurs collègues canadiens. Ils ont lutté pendant presque un mois contre un "méga-feu" avant de revenir en France. L'un de ces pompiers habite dans l'Ain. Il raconte cette expérience hors norme.
Le commandant Mendiela n'en revient toujours pas. "C'est une expérience unique, ç'a été une belle aventure et une découverte".
Avec d'autres collègues, il a été retenu pour participer à cette mission d'entraide internationale. Le Canada est en proie à un incendie monstre, un "méga-feu" comme ils disent là-bas. La particularité de cet incendie, c'est sa taille : plus de 8 millions d'hectares brûlés, c'est l'équivalent d'un pays comme l'Autriche.
Stéphane Mendiela est sapeur-pompier volontaire et travaille dans la sécurité incendie en entreprise. Le feu, il connaît. Mais, à l'écouter, on imagine bien l'ampleur de ce qu'il a vécu là-bas.
L'environnement est hors norme, on peut avoir des lignes de feu de 600, voire 800 km sans une seule habitation. Contrairement à la France, on ne traite pas le feu en direct. On nous dépose par groupe de quatre sur des zones à traiter.
Stéphane Mendiela, sapeur-pompier
Des ours et des moustiques
Durant tout le mois de juin, il a dû lutter contre les flammes, dans des conditions particulières. Au Canada, on attaque le feu "de l'intérieur". Les équipes sont déposées au matin par hélicoptère, "le seul vrai moyen de lutter contre l'incendie", et récupérées le soir. Les pompiers sont équipés de motopompe, de tuyaux, de tronçonneuses et de vivres. "Il y a de l'eau un peu partout, on arrive à trouver des points où la pomper". Dans leur combat, les soldats de feu ont croisé des ours bruns "plutôt curieux, mais craintifs" selon Stéphane. Le plus dur, finalement, aura été de lutter contre les insectes.
Certaines zones sont très humides, du coup les insectes prolifèrent. Mouches, moustiques, taons. Le pire, c'est qu'ils vous arrachent des morceaux de peau. Certains collègues en ont eu des fièvres.
Stéphane Mandiela, sapeur-pompier
Attendre la saison des neiges
Pour Stéphane, cette expérience a été riche. La logique d'intervention est différente de celle qu'il connaît en France. Au Canada, compte tenu de l'immensité de la zone à traiter, l'hélicoptère est le seul moyen efficace. Il assure les rotations et sécurise les équipes engagées au sol.
Il raconte que lorsqu’en France, un incendie dépasse les 20 hectares, "c'est la catastrophe". Là-bas, il faudra attendre pour en voir la fin. Les feux ont débuté en janvier et les experts estiment que certains d'entre eux, compte tenu de leur importance, ne seront éteints qu'à la saison des neiges. "Le détachement français portait le numéro 373, cela signifie que 372 feux étaient en cours".
Une leçon d'humilité
Stéphane reconnait que le travail était éprouvant, physique et difficile. Mais, il parle aussi de l'engagement et de la motivation des équipes sur place.
Quand on lui demande ce qu'il retiendra, il évoque cette image dans l'hélicoptère ou les flammes sont visibles à 360°, "ça fait 30 ans que je suis sapeur-pompier, je n'avais jamais vu ça... C'est une leçon d'humilité".
Un nouveau détachement français a pris la relève. Stéphane leur souhaite de réussir et surtout de revenir "au complet".